Et si l'automne était vraiment chaud ?
Le mois d'août se profile à l'horizon, et comme d'habitude, tout se passe comme comme si l'homo politicus Français rentrait dans une sorte d'hibernation estivale. Il y est d'ailleurs bien aidé par les médias qui nous matraquent de sujets au mieux secondaires comme la grippe A ou insignifiants comme le malaise présidentiel, histoire de faire remonter sa côte de popularité en berne depuis presque 2 ans.
Pourtant, si elle le voulait vraiment, la presse française n'aurait pas à beaucoup se forcer pour trouver un vrai sujet d'information. Alors que chaque année on nous prédit un automne social chaud, celui de cette année pourrait bien l'être pour de bon, puisqu'il a déjà commencé cet été. Pour la première fois, les occupations d'usines, séquestrations de patrons, menaces à la bonbonne de gaz n'ont pas connus de trêve estivale, signe que la colère ouvrière est forte, même si pour l'instant elle ne trouve de porte-voix ni dans les partis politiques, ni auprès des syndicats. Et c'est justement cette absence de relais qui devrait inquiéter.
Dans le même temps, Nicolas Sarkozy depuis les élections européennes est encore plus présent qu'avant dans les médias. Et pourtant, il reste impopulaire, profondément impopulaire. De même, la remontée de la bourse, l'attente de patrons et de banquiers qui agissent comme si la crise n'avait jamais eu lieu (d'ailleurs pour eux, a-t-elle eu lieu ?), tout cela ne fait qu'augmenter le sentiment de colère et d'injustice.
Il n'y a pour moi aucun doute que de nombreux éléments sont réunis pour un incendie social. Il manque juste une petite étincelle pour l'allumer. Le changement de statut de La Poste pourrait bien être cette étincelle. De fait, personne n'est dupe, les mots de la ministre de l'économie n'y changeront rien, les Français savent qu'à terme il s'agit de privatiser La Poste, LE SERVICE PUBLIC préféré des Français, celui qui à leurs yeux est synonyme de lien social, notamment dans les campagnes ou les quartiers défavorisés. Il n'est qu'à voir les leviers de bouclier à chaque fermeture de bureau pour comprendre que le gouvernement s'attaque à un gros morceau. Et même les élus de terrain de droite sont vent debout contre le changement de statut.
Toutefois, la stratégie incompréhensible des syndicats, la division des partis de gauche, peuvent constituer un obstacle, ce qui pourrait déboucher soit sur une multiplication des mouvements locaux et sporadiques, soit sur une vraie révolte nationale mais complètement incontrôlée et incontrôlable. Je ne suis pas sûr que l'un et l'autre soit souhaitables. Mais si demain, les organisations syndicales et les grands partis politiques se décidaient à faire taire leurs divisions et d'enfin se mettre au diapason de la colère populaire, alors, oui, l'automne peut-être chaud et avoir de vrais débouchés politiques.