Qui est vraiment sorti de la crise ?
A entendre les commentateurs économiques à la radio ce matin, à voir les mines réjouies des traders, à voir le président de la République et ses ministres parader sur toutes les chaînes de télévision, on se dit qu'effectivement la crise a été vaincue, terrassée. Mais est-ce bien sûr ? Ne nous cache-t-on pas une autre réalité, bien plus complexe, bien plus sombre ?
Certes, toutes les bourses remontent en flèche, comme soulagées par l'intervention des états, ce qui u passage signifie qu'il y a des personnes qui font des plus-values substantielles. Certes, le capitalisme bousier et financier retrouve des couleurs et semble sauvé pour le moment. C'est d'ailleurs le minimum que l'on attendait de politiques qui ont toujours clamé haut et fort leur foi dans le libéralisme. Mais alors même que des milliards d'euros seront investis et dépensés pour sauvegarder la haute finance, plus personne n'a un regard sur ces milliers de licenciements qui menacent, personne ne s'offusque face au regain d'inflation que cet afflux massif d'argent risque de créer, inflation dont les premières victimes seront les plus pauvres évidemment.
Car, c'est là que l'on touche le scandale que constitue cette période. Il n'a suffit que de quelques semaines pour que tout ce que le monde compte de politiques et d'économistes de premier rang trouve une solution capable de sortir les banques du marasme où elles se sont mises toutes seules. Pour donner une idée de l'engagement pris par les états, les sommes engagées suffiraient amplement à résoudre la faim dans le monde. Est-ce à dire que l'avenir de quelques banques compte plus que des millions de vies en Afrique ou en Asie ?
En France, alors que l'Etat s'apprête à creuser les déficits publics, Nicolas Sarkozy n'a rien prévu pour juguler les conséquences désastreuses sur l'économie réelle qui s'annoncent. Peu lui chaut, les patrons sont désormais protégés, c'est tout ce qui compte.
Il a suffit d'un mois pour préparer un plan de 360 milliards, quand cela fait 30 ans que l'on laisse courir les déficits de la Sécurité Sociale ou des caisses de retraite. Les seules solutions explorées pour renflouer ces organismes sont de toujours faire payer plus les Français, alors que l'on se rend compte aujourd'hui que quand il veut, l'Etat est capable de trouver des sources de financement nouvelles.
Il a suffit d'un mois d'agitation présidentielle tous azimuts pour sauver les banques, quand l'immense majorité des Français a des problèmes de pouvoir d'achat, quand tous les indicateurs économiques sont dans le rouge et que la seule solution proposée est de travailler le dimanche. Pourquoi les mêmes devraient toujours faire les efforts, tandis que d'autres ont la garantie permanente que les gouvernements viendront à leur secours ?
Evidemment, cette séquence va momentanément faire faire un bond à Nicolas Sarkozy dans les sondages. Mais sur le long terme, elle aura surtout renforcé les rancoeurs des classes populaires et moyennes et renforcé les divisions des Français.
Un très bon article pour en savoir plus :