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16 octobre 2007

Pourquoi je serai en grève jeudi prochain.

Contrairement à la vision réductrice de la grève du 18 octobre que donnent les médias, la défense des régimes spéciaux est loin d'être le seul enjeu, et les salariés des entreprises publiques ne seront pas les seuls sur le pavé. Toute la fonction publique y sera, la territoriale, dont je fais partie, également.

Je ferai grève tout d'abord pour défendre le régime des retraites, car il ne faut pas être dupes, l'attaque contre les régimes spéciaux n'est qu'un début, c'est tout le système qui à terme est visé. Dès janvier, les partenaires sociaux doivent se réunir pour tout remettre à plat, et déjà on entend le MEDEF ou l'UMP parler de 41 ou 42 années de cotisations, et d'une retraite à 61 ou 62 années. Les régimes spéciaux ne sont qu'un bélier pour tout casser. Et puis, j'ai de la mémoire. En 2003, lors de la réforme Fillon, le discours du gouvernement de l'époque était simple : nous n'avons pas le choix, c'est la réforme de la dernière chance, grâce à elle tout ira mieux. Et que constate-t-on ? Rien ne va mieux évidemment, mais les systèmes de retraites complémentaires ont prospéré. C'était le but, cela l'est encore aujourd'hui.

Je ne suis pas naïf, je sais que la population vieillit, et qu'il n'y a plus assez d'actifs pour payer les retraites. Mais est-ce parce que l'on vit plus longtemps qu'il devient d'un seul coup moins pénible de travailler jusqu'à 60 ans ? Evidemment non. Ne revenons pas sur un acquis social, mais par contre, il doit bien être possible de trouver de nouvelles sources de financement, les stock options, les revenus boursiers par exemple. Et si on cessait tout simplement d'exonérer les entreprises de charges sociales ? Les déficits des régimes sociaux ne s'en porterait pas plus mal.

Mais la retraite n'est pas le seul motif de ma colère. Je ferai grève aussi parce que j'en ai marre d'être stigmatisé en tant que fonctionnaire. Faut-il s'étonner que le nombre d'agressions dans les transports ou à l'école augmentent quand le discours dominant sous-entend en permanence que ces salariés sont au mieux des privilégiés, au pire des fainéants.

Je ferai grève parce que depuis bientôt 10 ans, je ressens une forte baisse de mon pouvoir d'achat. Si je n'avais pas été promu suite à une réussite à un concours, il y a beaucoup de choses que je n'aurais plus les moyens de faire. Beaucoup de mes collègues font le même travail depuis 10 ans. J'aimerais que l'on me dise en quoi leur place dans la société est moins importante qu'il y a une décennie. Pourquoi devrait-on travailler plus, simplement pour avoir le droit de ne pas voir son niveau de vie baisser ?

Je ferai grève parce que mes conditions de travail et celles de la fonction publique en général se dégradent. C'est bien beau de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux, mais c'est la qualité du service public qui en pâtit. Est-il normal d'attendre 2 à 3 ans avant qu'une affaire ne soit jugée par un tribunal ? Est-il normal d'attendre 4 à 5 aux urgences à l'hôpital ? Est-il normal que nombre de quartiers isolés ou de petits villages ne soient plus desservis par des transports publics ?

Mais à ce manque criant de personnels, se rajoute un autre phénomène : on ne le sait que trop peu, mais aujourd'hui, c'est dans la fonction publique qu'il y a la plus grande précarité. Les CDD, intérims, et autres contrats se multiplient. Aujourd'hui, dans certains services, il n'est pas rare de voir jusqu'à 40 % de personnes qui ne sont pas titulaires de leurs postes. L'emploi à vie est une légende.

Je ferai grève enfin, parce que j'ai conscience qu'un service public de qualité est certes coûteux, mais est surtout bénéfique pour l'ensemble de la société. Toutes les enquêtes montrent que les Français y sont attachés. Une des premières raisons données par les entreprises étrangères pour s'installer en France est justement la qualité des services publics Français. On est en train de casser tout cela, pour le remplacer par des entreprises privées dont le but est de faire des bénéfices sur notre dos.

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Commentaires
L
Si les médias faisait leur boulot d'informer correctement les gens sur le fond (entre nous soit dit, le divorce de Sarkozy, on s'en fout), je pense que jamais aucun acquis social n'aurait été remis en cause.
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J
Vous avez mille fois raison de souligner que "l'emploi à vie dans la fonction publique" est une légende.<br /> En effet, AUCUN TEXTE LEGISLATIF ou réglementaire n'existe pour garantir ces emplois.<br /> Je suis toujours très surpris quand je vois, à la télé, que des syndicalistes éminents, comme Mme COUPE (récemment chez C. Ockrent) n'en profitent pas pour rappeler cette vérité.<br /> Quant à tous les autres, les ministres et les journalistes et autres "observateurs", ils ne font que sciemment mentir sur ce point...<br /> <br /> jf.
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L
Votre analyse est un très bon complément de la mienne. Merci.
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G
Oui, au delà des retraites, c'est tout le statut de la fonction publique qui est menacé à très court terme par la contractualisation. On oublie de dire que si le statut protège, ce n'est pas sans raison. Lorsque l'on a la certitude de ne pas paerdre son emploi, on peut travailler avec beaucoup plus d'indépendance aux différentes pressions. On parle de continuité du service public pour dénoncer le droit de grève, mais la continuité du service public c'est avant tout épargner à ses agents d'être jetables. C'est vrai qu'aujourd'hui, la précarisation grimpe en flèche après avoir connu une certaine amélioration après les lois Sapin sur le sujet.
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D
Très bien argumenté.
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