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17 décembre 2010

La FNSEA change de président, mais pas de politique.

La FNSEA est le premier syndicat agricole français. Il a d'ailleurs longtemps été le seul. Considéré comme proche de la droite, la FNSEA a accompagné depuis 50 ans la "modernisation" de l'agriculture française. Ladite "modernisation" s'est traduite par une mécanisation rapide et une disparition des petites exploitations au profit d'une agriculture plus industrielle. Aujourd'hui on peut parler d'une situation catastrophique pour l'agriculture de ce pays, divisée en deux, avec schématiquement d'un côté ce qui reste des petits exploitants, souvent des éleveurs qui peinent au quotidien à vivre de leur travail, et de l'autre une industrie agro-alimentaire proche des grands producteurs céréaliers et qui a mis peu à peu tout le monde agricole sous sa coupe.

La FNSEA désignait donc cette semaine son nouveau président. C'est donc Xavier Beulin qui a été élu. L'important n'est pas que pour la première l'organisation ne sera pas dirigée par un éleveur mais par un céréalier, non, l'important est la situation même de Mr Beulin, ainsi que ses premières déclarations qui indiquent clairement qu'il n'y aura pas de changement d'orientation politique de la part de la FNSEA et que celle-ci va persévérer dans la voie du productivisme qui fait tant de dégâts au niveau social, économique et environnemental.

Mr Beulin est le président SofiprotéolSofiprotéol, une entreprise agro-industrielle spécialisée dans les oléagineux, propriétaire entre autres de la marque Lesieur. SofiprotéolSofiprotéol est aussi spécialisée dans la nutrition animale et surtout, cette société gère des fonds d'investissements en lien avec la production d'oléagineux. Il y a là fort à parier que Mr Beulin ne soit pas la personne appropriée pour comprendre les problèmes d'un berger du Larzac ou d'un apiculteur béarnais.

D'autant plus que ses premières déclarations sont inquiétantes. Pour Mr Beulin, "les paysans ne seront respectés que s'ils savent s'imposer sur les marchés". Quand il s'agit d'agriculture d'entendre parler de marché, parce que de quoi parle-t-on à la vérité ? Rien d'autre que de l'essence même de ce qui fait la vie et peut la rendre meilleure et plus gaie : ce que nous mangeons. Je ne crois et ne croirai jamais que notre alimentation, notre environnement, la gestion de nos paysage puisque c'est aussi de cela qu'il s'agit, soient des marchés et doivent être côtées en bourse comme c'est le cas actuellement.

Il est particulièrement dommageable pour la qualité de nos produits, pour la survie économique de milliers de petits agriculteurs que le premier syndicat agricole ne conçoive la défense des agriculteurs que comme une adaptation aux marchés. Il me semble que dans l'intérêt général il devrait parler de ce qui fait depuis toujours la spécificité française, c'est à dire l'excellence de nos produits, la diversité de notre production, et le maintien en zone rurale de milliers d'exploitations qui sont précieux pour la l'identité culturelle de notre pays.

Sur le sujet :

Résistance inventerre s'inquiète aussi de la désignation de Mr Beulin.

Sur le web :

dasola n'a pas aimé les derniers films de Pierre Salvadori et Fred Cavayé.

panier de crabes nous avertit que le Sénat va voter un subterfuge pour "legaliser" le financement occulte des partis politiques.

a tort ou a raison a peur : si Berlusconi est considéré comme un symptôme pour l'Italie, Sarkozy serait-il le symptôme de la France ?

Une multitude de douceurs à déguster pour les fêtes ? C'est chez gloubiblog.

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Commentaires
L
merci pour vos commentaires, voici ce que l'on appelle des commentaires constructif.<br /> Vive le débat !
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J
petite précision : les revenus des agriculteurs ont baissé plusieurs années de suite, mais méfions nous dac calculs trop rapides. <br /> <br /> Lorsque les revenus chutent de 33,33%, cela veut dire qu'ils passent d'un niveau 100 à un niveau 66,66.<br /> Si, après, ils augmentent de 50 %, cela veut dire qu'ils passent d'un niveau 66,66 à un niveau 66,66 + 33,33 = 100%<br /> <br /> Donc, se méfier des calculs simplistes.<br /> <br /> Ensuite, les revenus des agriculteurs, ça ne veut rien dire. Entre un producteur de betteraves à sucre en Champagne, un producteur de champagne (vin) un peu plus au nord, et un éleveur de vache à lait dans les Mauges (Maine-et-Loire), il y a peu de rapport. Certains voient leurs revenus chûter lorsque d'autres les voient flamber. Mais dans les Mauges, on parle toujours de ces quelques agriculteurs impunis qui balancent du maïs en terre pour les subventions européennes, tandis que les sparnaciens (habitants d'Epernay en Champagne crayeuse) bénéficient de leur clientèle ancestrale et fidèle habituée aux augmentations régulières.<br /> <br /> La FNSEA, c'est avant tout les gros producteurs, au sein desquels les céréaliers de Beauce ont une puissance reconnue. L'action consiste à orienter les subventions vers ceux qui détiennent le pouvoir, en s'assurant un minimum de soutien (clientélisme) auprès d'une base réduite. Les progrès de la productivité ainsi que les conditions de la concurrence internationale les ont conduit à sacrifier la population active en détruisant les petites exploitations. Celle-ci est passée de 1 869 000 de personnes en 1981 à 881 000 en 2005.<br /> <br /> Lorsqu'on sait que cette population est la cplus en contact avec notre substrat, la nature , dont nous sommes isuus, on ne peut que s'inquiéter.<br /> <br /> L'absence de réaction de la FNSEA concernant la réduction du crédit d'impôt en faveur de l'installation en agriculture biologique, passant de 4000 euros à 2000 euros est un exemple manifeste de cette volonté de totale industrialisation de l'agriculture.<br /> <br /> Les agriculteurs français doivent vivre de leur travail afin non pas d'enrichir une minorité de producteurs investis dans l'exportation, mais bien pour établir un équilibre entre les besoins alimentaires de la population et les capacités locales. Soumettre l'alimentation aux aléas d'un marché dont les règles sont de plus biaisées par des manipulateurs internationaux, ne s'inscrit pas dans une conception solidaire de la vie.
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P
Hum hum hum... Le doute m'assaille...<br /> Je me demande si tout cela a à voir avec la hausse spectaculaire des revenus des céréaliers français - de moins 30% à plus 60% - due notamment avec la pression de Bruxelles (et de ses subventions) et aux incendies qui ont décimé la production russe et ukrainienne de cet été...?<br /> Wait and see!<br /> <br /> ... Prochaine étape, les "viandards".
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D
Je ne suis pas agriculteur, ni éleveur et j'ai donc un peu de difficulté à appréhender tout cela.<br /> <br /> Mais en tant qu'observateur attentif, je suis certain c'est qu'il faut sortir du productiviste, du phytosanitaire à "gogo", remettre en question les modalités des répartitions de subventions qui favorisent les grosses exploitations et ne permettent pas aux petites exploitations de vivre (surtout en montagne).<br /> <br /> Je suis certain qu'il faut plus d'agriculture biologique, plus d'agriculture raisonnée.<br /> <br /> On nous a annoncé il y a quelques jours que les bénéfices des agriculteurs avaient progressé de 60% cette année...<br /> <br /> Les difficultés rencontrées par les éleveurs dont le prix de vente de leur bétail est si bas qu'il ne couvre même pas les frais d'exploitation conduisent à se poser la question : qui a vu ses bénéfices augmenter de 60 % ?<br /> <br /> - les céréaliers de la Beauce ?<br /> - l'agriculture de montagne ?<br /> - les producteurs de lait ?<br /> - les éleveurs ?<br /> <br /> Il faut changer de paradigme et je crois que le discours du nouveau président de la FNSEA ne le permettra pas.
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