Retraites : contrairement à 2003, un mouvement social d'importance à de fortes chances de l'emporter.
En 2003, on se souvient que le gouvernement Raffarin avait fait passer la réforme Fillon sur les retraites, malgré des manifestations énormes dans tout le pays. Telle qu'elle se dessine pour l'instant, la future réforme voulue par Nicolas Sarkozy pourrait bien elle aussi jeter des centaines de milliers de personnes dans la rue. C'est en tout cas ce qu'espèrent les syndicats. Et cette fois-ci, rien ne dit que le mouvement social perdra, même avec une volonté farouche du pouvoir de ne pas céder, ce dont chacun sait qu'il est capable. Pour cela, je vois trois raisons :
1) L'impopularité du pouvoir. Au printemps 2003, le gouvernement Raffarin jouissait peu ou prou d'un certain climat de bienveillancebieinveillance issu du contexte particulier de l'élection de 2002. La cote de popularité du premier ministre, même si elle avait déjà baissé, ne chutera vraiment qu'en août après l'épisode calamiteux de la canicule. Cette fois, les données sont bien différentes, le pouvoir étant comme rarement impopulaire. Les élections régionales ont montré que les mécontentements étaient énormes. La réforme des retraites risque fort de les cristalliser.
2) L'unité syndicale. La division a été le principal échec du mouvement social de 2003. Cette fois-ci, je peux me tromper, mais il m'apparaît peu probable qu'un gros syndicat fasse le pari de la division et signe des accords avec le gouvernement. La raison en est simple : la CFDT d'alors l'a payé au prix fort en nombre de militants et en crédibilité. Le mouvement syndical est trop faible dans ce pays pour qu'il se permette un tel risque. D'ailleurs, la stratégie syndicale tant décriée depuis deux ans indique bien que l'union à tout prix est leur volonté. C'est pour l'instant une arme de poids en moins pour le gouvernement.
3) La crise économique. C'est la principale raison. La crise exceptionnelle que nous connaissons a aussi des conséquences inattendues. En 2003, le discours de la gauche et des syndicats sur la recherche de nouvelles sources de financement était complètement inaudible. En 2010, le sentiment d'injustice face à la crise, et à la politique économique voulue par Mr Sarkozy, rendent crédibles les discours prônant de nouvelles alternatives. Et c'est un évènement majeur, par rapport à 2003, cette fois-ci, l'opinion sent bien qu'il y a d'autres possibilités qu'une augmentation de l'âge de la retraite ou une baisse des cotisations.
Le sentiment que donnent Nicolas Sarkozy, Eric Woerth et François Fillon en ce moment, c'est qu'ils ont envie d'aller au conflit pour asseoir leur autorité. Rien ne dit que cette fois ils gagneront.
Sur le sujet :
Le texte de Jean-Luc Melenchon sur son blog à propos du rapport du COR et du traitement médiatique vaut le détour par son mordant et son efficacité. Comme toujours chez Mélenchon.
Jacques, qui s'intéresse aussi de près au sujet (je précise que Jacques a aussi sa place évidemment dans les amis du web)
Les amis du web :
La revue de web d'Ogoliviersc, comme toujours.
Dasola a aimé le dernier livre de Daniel Glattauer
Remiche défend les forêts.