Mais à quoi joue le Parti Communiste Français ?
Le peuple français n'est pas à un paradoxe prés. A chaque élection nationale il renvoie le parti communiste aux oubliettes de l'histoire, mais tous les ans il se rue en masse et de plus en plus nombreux à la fête de l'Humanité, prouvant en cela qu'au delà des étiquettes politiques, il y a bien une place dans ce pays,pour une gauche de combat qui ne renie ni son passé, ni ses valeurs.
Ce potentiel électoral ne peut pas s'exprimer dans les urnes, à cause de la division de la gauche. Pourtant, depuis la naissance du NPA et l'éclosion du Front de gauche, on sent bien que les choses bougent. Et il apparaît évident que si les partis à gauche du PS s'unissaient, le paysage politique de ce côté-ci de l'échiquier en sortirait grandement modifié. L'exemple de Die Linke en Allemagne plaide en ce sens.
Mais tout dépend du Parti Communiste, car autre paradoxe, s'il est plus faible que jamais au niveau électoral, aucune alliance de poids ne peut se faire sans lui au sein de la gauche radicale. Son passé, le nombre de ses militants, ses réseaux pèsent encore lourd, au moins localement.
Pourtant, la direction du parti de la place du Colonel Fabien est devant un vrai dilemme pour les futures élections régionales. Soit, elle choisi l'aventure et prolonge le front de gauche en y associant le NPA d'Olivier Besancenot (qui apporte un poids médiatique non négligeable), soit elle maintient ses alliances avec le PS dans les régions.
Dans le premier cas, le risque pour le PCF est de perdre ses élus. Ce n'est pas rien puisque économiquement le PCF est quasiment mort sans la manne de ses élus de terrain. Mais en rompant avec le PS, il ferait aussi un choix politique d'importance. Celui de renouer avec sa propre histoire, celui de renouer avec le terrain de la radicalité, terrain qu'occupe désormais le NPA et Lutte Ouvrière et qui pendant des décennies a été son pré-carré. En outre, rompre avec le PS serait un choix risqué, mais qui peut aussi s'avérer gagnant, puisque si l'on se réfère aux dernières élections européennes, le Front de gauche élargi au NPA serait en mesure de se maintenir dans de nombreuses régions et d'imposer ses conditions au PS. Il n'est donc pas certain que le PC perde ses élus.
Dans le second cas, le parti de Mme Buffet pourrait espérer garder nombre de ses élus, avec l'argument de pouvoir influencer les décisions des majorités régionales. Jusqu'ici, cela n'a jamais joué qu'à la marge et sur des sujets annexes. Cela permettrait peut-être aussi au PCF de conserver une influence locale forte. Mais au niveau national, cela l'enterrerait définitivement. En continuant à s'allier à un PS traditionnellement de gauche dans l'opposition et démocrate-libéraldémocrate-libéral quand il exerce le pouvoir (nationalement ou localement), la ligne idéologique du PCF devient illisible, et les électeurs préfèrent se tourner alors vers des forces moins organisées mais dont le discours ne varie pas.
En proposant ce week-end lors de la fête de l'Humanité, d'organiser de grands ateliers de la gauche pour réfléchir sur l'avenir de celle-ci, Mme Buffet a décidé de ne pas choisir, ou plutôt de faire attendre sa décision, car il semble évident que le PCF ne veut pas perdre ses élus. Vu les bruits que l'on entend un peu partout, le PCF pourrait choisi des alliances électorales à la carte, rendant illisible sa stratégie et confirmant ce qui est une évidence depuis plus de quinze ans : désormais, le seul combat idéologique du PCF, c'est celui de sa survie économique.
Pour autant, un tel choix serait catastrophique pour des milliers de personne qui comme moi attendent désespérément qu'émerge à gauche une force refusant le capitalisme et se positionnant enfin clairement du coté des classes populaires. En faisant un pas vers le Front de gauche, le NPA avait rendu cet espoir crédible, le PCF ne doit pas le fracasser.