Branle-bas de combat à l'université !
Les enseignants-chercheurs ne sont pas réputés pour être des gauchistes qui passent leur temps à manifester. Pourtant, dans de très nombreuses universités, ils appellent à la grève illimitée dès aujourd'hui ; et celle-ci risque d'être très suivie.
Si leur colère d'aujourd'hui est due à la réforme du statut des enseignants-chercheurs et à l'augmentation de l'autonomie et du pouvoir accordés aux présidents d'universités, le malaise de l'enseignement supérieur vient de loin. On se souvient, sous l'ère Raffarin des coupes budgétaires. Le démantèlement continu de la Recherche française ne s'est pas arrêté depuis.
La grande idée qui est derrière la politique gouvernementale dans le domaine de la recherche est la mise en concurrence permanente des enseignants et des chercheurs. C'est l'application du libéralisme économique au monde de l'enseignement supérieur, comme si la concurrence était le remède à tous les maux et devait permettre des progrès scientifiques formidables. Que je sache, dans tous les autres domaines où elle est appliquée, on ne constate pas d'amélioration, bien au contraire.
C'est en tout cas ne pas connaître la spécificité de la recherche, un milieu où chacun s'inspire de travaux des autres, où tout le monde travaille ensemble et non pas les uns contre les autres. J'enjolive certes un peu, mais il me semble qu'une vraie amélioration devrait tendre vers un monde de solidarité entre chercheurs, plutôt que d'en faire des adversaires et des concurrents. C'est faire de la recherche un outil de promotion de carrières individuelles alors qu'elle devrait être au service de tous.
Cette colère là, si elle ne va pas empêcher la France de fonctionner (du moins dans l'immédiat), peut faire des dégâts sur l'image du gouvernement à long terme, car les Français sont fiers de leurs scientifiques en général. Et au-delà, ce sont nos enfants qui sont concernés, puisque la qualité de l'enseignement risque d'être la première victime de ces réformes. A noter que des assemblées générales étudiantes ont lieu dans plusieurs universités, en lien avec ce mouvement mais aussi celui du 29 janvier.
Comme les questions des enseignants chercheurs et des universités sont complexes, je mets en lien deux sites qui vous permettront de comprendre le danger des réformes en cours beaucoup mieux que je ne le ferais :