Arrestation musclée d'un ancien rédacteur en chef de Libération.
C'est l'évènement du week-end, toute la presse en parle. Même Etienne Mougeotte, directeur du Figaro, peu enclin à la critique de l'action gouvernementale, s'est dit scandalisé. Vittorio de Filippis, ancien directeur de publication de Libération, a été arrêté chez lui, puis fouillé de manière apparemment assez virile.
Vittorio de Filippis a été mis en examen après la plainte pour diffamation du PDG de Free. Ce qui choque ici, ce n'est pas tant la façon dont l'arrestation s'est produite, les policiers n'ayant fait qu'appliquer la procédure à appliquer pour un mandat d'amener, non, ce qui choque, c'est la disproportion entre les faits reprochés et la méthode d'interpellation. A l'évidence, Mr De Filippis n'a rien d'un dangereux psychopathe.
Mais en plus des méthodes pouvant laisser penser à une éventuelle bavure judiciaire, cet évènement se produit dans un contexte particulier. Même si le gouvernement n'est probablement en rien responsable dans ce cas (il se serait d'ailleurs certainement passé de la polémique), les suspicions d'atteintes à la liberté de la presse ont été fréquentes. Jamais avérées certes, mais les suspicions sur les directeurs de journaux pour que certains articles ne paraissent pas sont monnaie courantes. On en d'ailleurs arrivé à un tel point que certains titres (Le Figaro entre autres) pratiquent l'autocensure pour s'éviter les foudres élyséennes ou simplement pour plaire au pouvoir.
A quelques jours des états généraux de la presse qui doivent se pencher sur un secteur en grave crise d'identité, cette affaire ne rassure sur l'état de notre démocratie.
PS : je voudrais juste féliciter Stéphane Paoli, qui n'est pourtant pas mon journaliste préféré, mais qui a eu l'intelligence ce week-end de rappeler que la presse parler beaucoup de l'affaire car il s'agissait d'un confrère, mais que des Français modestes subissaient tous les jours ce genre d'abus et qu'on en parlait pas. Il est bien de toujours l'avoir à l'esprit, cela permet aussi de comprendre une part du rejet de notre classe dirigeante et de nos élites intellectuelles.