Géorgie : le retour de la guerre froide ?
A l'heure où tout le monde s'inquiète (ou se réjouit) de la montée en puissance de la Chine, il est un autre pays, immense celui-ci, qui se rappelle à la face du monde, la Russie. L'intervention militaire en Géorgie ne doit rien au hasard, elle signifie simplement que la Russie a retrouvé sa puissance militaire et n'a en rien renoncé à influencer voire contrôler ses anciennes possessions, ou ses anciens pays satellites.
Rappelons d'abord les faits (on les trouve sur le site du Monde http://www.lemonde.frwww.lemonde.fr/web/module_chrono/0,11-0@2-3214,32-1081432@51-1036786,0.html). Dès l'indépendance de la Géorgie, la petite région d'Ossétie du sud, à majorité russophone, a voulu sa propre indépendance. En 1991, elle a obtenu une forte autonomie qu'elle a depuis lors renforcé, et de fait, le gouvernement de TbilissiTbilissi n'a quasiment plus le contrôle sur elle. En 2003, suite à une révolution, la Géorgie s'essaie à la démocratie et se dote d'un gouvernement pro-occidentalpro-occidental avec Mikheïl SaakachviliSaakachvili à sa tête, avec une promesse forte, celle de ramener les régions céssessionistes (l'Abkhazie est la deuxième) à la raison. Fortement contesté depuis sa réélection en 2008, SaakachviliSaakachvili tente de redorer son image en passant à l'action en Ossétie, région qui bénéficie de l'appui et du soutien militaire de Moscou.
En intervenant militairement en Russie, Poutine justifie sa popularité auprès de son peuple (le nouveau président Medvedev n'est ici qu'une potiche), montrant qu'il se situe bien dans la continuité de la puissante URSS, et surtout que la Russie en a fini avec le démantèlement de son territoire. Poutine signifie au monde que la Russie va reprendre progressivement son empreinte sur ses anciennes colonies. Les menaces économiques sur l'Ukraine avec le gaz n'étaient qu'un début.
L'intervention en Géorgie se comprend d'autant plus que ce pays est stratégique pour la Russie, avec le contrôle des oléoducs en provenance de la mer Caspienne. Elle ne peut donc y permettre le développement d'une puissance pro-occidentalepro-occidentale, intégrée dans l'OTAN comme le demande le régime de TbilissiTbilissi. Bien plus qu'une réponse à l'intervention militaire géorgienne, il s'agit d'un message envoyé au monde occidental, et particulièrement à l'Europe et aux Etats-Unis.
Il faut bien dire que l'Europe, une fois de plus, à montrée son indigence en matière de politique étrangère. De peur de s'opposer directement à la Russie, elle n'a pas voulu s'engager plus profondément dans l'intégration économique et politique de la Géorgie, laissant libre-champ à Moscou (à l'instar de la TchétchénieTchétchénie d'ailleurs). De même, les réponses tardives et poussives des Etats-Unis prouvent une fois de plus que ce pays, englué dans les conflits en Irak et en AfghanistanAfghanistan, n'est plus une superpuissance et n'a plus les moyens de pression que pourtant il revendique.
Parce que les Etats-Unis et l'Europe n'ont pas les moyens ni la volonté de contrer la Russie, on est en droit de s'attendre désormais à d'autres interventions de Moscou dans ce qu'elle considère comme sa sphère privilégiée, à savoir l'Ukraine, les Balkans, les pays Baltes, voire une partie des anciens pays de l'est. De là à penser au retour de la Guerre Froide, il n'y a pas loin, sauf que celle-ci ne se ferait plus sur des bases idéologiques, mais économiques et diplomatiques.