Il faut sauver l'exception culturelle !
A l'heure où tout le monde se réjouit du succès de l'actrice Marion Cotillard, où tout le monde encense le cinéma français, on en oublierait presque que celui-ci est en crise. Pas tout le cinéma, non particulièrement le cinéma d'auteur, et surtout les salles classées art et essai.
Depuis quelques temps, les grands groupes types UGC ou MK2 portent souvent plainte contre les nouveles ouvertures de petites salles ou contre l'agrandissement de ces dernières. La plupart du temps, ces salles sont subventionnées. L'argument des groupes est qu'il y a concurrence déloyale, puisqu'eux n'ont aucune aide.
Ce serait oublier certaines choses. Sans la volonté politique des municipalités, il y aurait des territoires entiers désertés par la culture. Ces zones sont souvent pauvres et difficiles d'accès. Or le cinéma est peu cher (comparé au thèâtre), et familial et populaire. De plus, il n'y a aucune raison pour que ces populations n'aient pas accès à la diversité culturelle. On peut en outre se demander pourquoi les multiplexes ne s'installent pas dans ces endroits.
Mais surtout, s'il n'y avait pas eu ce maillage de salles d'art et essai, souvent subventionnées, mais pas toujours, c'est toute une partie du cinéma français qui n'existerait plus. Ce n'est pas UGC qui a soutenu Abdellatif Kechiche, ou les premiers films des frères Coen, pour parler de ceux qui font l'actualité.
Le réseau de salles d'art et essai, les aides apportées par les collectivités ou par l'Etat, le monde entier nous les envie. Elles ont permis un maillage exceptionnel de salles de cinéma sur l'ensemble du territoire. C'est sans doute aussi la raison pour laquelle le cinéma français est le seul à résister aux grosses productions américaines. La France est en plus le seul pays au monde où l'on peut encore voir des films turcs, burkinabés, israëliens, argentins, taïwanais, etc. Où même un film allemand peut battre des records d'entrée (La vie des autres).
En s'attaquant à ces petites salles, c'est tout ce fragile équilibre qy'UGC, Gaumont et consorts risquent d'ébranler. Le plus souvent au nom du profit, car en réalité, la seule chose que ces groupes craignent, c'est une remise en cause de leurs monopoles.