Les municipales à Pau.
Pau, c'est la Mulhouse du sud-ouest. Du moins sur le plan politique. En effet, il y a quelques similitudes entre les situations des deux villes. Pau, comme Mulhouse, est une ville qui est depuis longtemps socialiste, et dont le maire sortant bénéficie lui aussi du soutien de l'UMP.
Mais, dans le Béarn, la situation est encore plus complexe. L'image de la ville de Pau a longtemps été associée à celle son maire, André Labarrère, figure locale populaire. Mais, celui-ci est décédé en cours de mandat. C'est donc Yves Urieta qui lui succède à la mairie, apparemment non sans remous au sein de son parti. Mais, ce dernier se rapproche de la majorité présidentielle pour finalement rejoindre le mouvement créé par Jean-Marie Bockel (maire de Mulhouse, tiens, tiens), et se présenter soutenu par l'UMP. Dans la foulée, le parti socialiste présente contre lui une candidate, Martine Lignières-Cassou, députée très bien implantée localement.
Les choses seraient déjà suffisamment compliquées s'il n'y avait en plus un troisième, qui plus est personnalité politique de niveau national : François Bayrou. Le centriste, natif de la région, décide de se lancer à la conquête de la ville, après un premier échec il y a déjà longtemps. Il sait qu'il joue sur ce scrutin une partie de sa crédibilité, même si en politique les choses ne sont jamais définitives et peuvent changer très vite. Reconnaissons toutefois le courage politique.
Fort du très bon score qu'il avait réalisé à la présidentielle sur la ville, 30 %, François Bayrou pensait pouvoir s'emparer facilement de la ville, et pourquoi pas, s'en servir comme tremplin au niveau national. Cela semblait d'autant plus faisable que le PS local est divisé (il y a même des dissidents sur la liste Modem, ce qui fait qu'il y a des socialistes sur les principales listes), et que la droite est atone. Mais, les premiers sondages indiquent que les choses ne seront pas si simples. Le maire sortant pourrait payer au prix fort sa trahison et ne rallier au final que les électeurs sarkozystes convaincus (ce qui, au train où vont les choses risque de faire bien peu). Mais Pau reste une ville de gauche, qui a massivement voté Royal au second tour de la présidentielle. Le résultat sera donc très serré.
Un échec à Pau, s'il ne met pas fin à la carrière du Béarnais, pourrait cependant sonner le glas de la stratégie du ni droite ni gauche, peu lisible pour les électeurs, et l'obliger à revois ses alliances futures.
PS : Je précise aussi la présence d'une liste soutenue par la LCR. En cas de triangulaire serrée, un bon report de ses voix sur la liste PS, peut avoir son importance. En outre, cette liste s'inscrit dans la logique de création d'un nouveau parti anticapitaliste. Il y a donc un double enjeu pour la LCR : réussir le meilleur score possible aux municipales, mais aussi entraîner un maximum de personnes dérrière son nouveau parti.