Les quatre erreurs fondamentales de Nicolas Sarkozy.
Depuis quelques semaines, les polémiques succèdent aux polémiques, le président n'en finit plus de descendre dans les sondages, et le moral des Français a rarement été aussi bas. On peut décemment craindre, si Nicolas Sarkozy ne redresse pas rapidement la situation, une crise sociale majeure. Pourtant, il a été élu il y a 9 mois à peine, avec un score sans appel et une presse qui ne tarissait pas d'éloges. Donner comme explication de cette chute l'exposition de sa vie privée, ne me paraît pas satisfaisant. Je vois au moins 4 raisons supplémentaires, 4 erreurs fondamentales commises par Nicolas Sarkozy.
- La distance entre les promesses du candidat et les actes du président : tous ses successeurs ont également été confrontés à la réalité de l'exercice du pouvoir. Mais cette fois-ci, alors que la demande des Français est claire sur le pouvoir d'achat, le premier acte de président de Nicolas Sarkozy a été de donner des gages aux plus riches. Mais, plus grave encore, alors que sa situation dans l'opinion se dégrade et que la demande des Français se fait de plus en plus insistante, il multiplie les effets d'annonce sur des sujets divers et variés mais toujours éloignés de la préoccupation principale. Il donne ainsi l'impression de refuser d'être confronté à la réalité sociale.
- La désacralisation de la fonction présidentielle : en voulant imposer la rupture dans tous les domaines, et en particulier celui de la pratique du pouvoir, Nicolas Sarkozy va à contresens de ce que veulent les Français. Depuis De Gaulle, ceux-ci ont sacralisé le rôle du président, jusqu'à en faire une sorte de petit monarque. Mais celui-ci doit savoir garder une certaine hauteur, il est l'élu, le représentant de tous les Français, en tous temps et quelles que soient leurs convictions politiques. Vouloir faire du président un citoyen comme les autres va à l'encontre du caractère sacré de la fonction, cher aux Français.
- Les attaques contre la laïcité : dans la République Française, comme dans toutes les républiques, il existe des mythes fondateurs, intouchables. La loi de 1905, imposant une laïcité particulière à la France, en est un. Elle fait partie intégrante de la culture Française. Quand à plusieurs reprises Nicolas Sarkozy parle des religions, ou de réformer cette loi, il touche un des fondements de la République qui unit les Français quelles que soient leurs convictions religieuses.
- Ne pas avoir senti que les Français voulaient plus de démocratie participative : c'était une demande qui cependant bien entendue son adversaire principale. Cela n'a pas enlevé le flou de son programme, et elle n'a pas été élue. Mais ce souhait des Français reste réel. Or, toutes les décisions sont prises à l'Elysée, les partenaires sociaux sont constamment mis à l'écart, de même que le gouvernement d'ailleurs. Les Français ont l'impression d'être dessaisi de la chose publique, impression renforcée par le mépris avec lequel est considéré le Parlement.
La baisse de Nicolas Sarkozy dans les sondages n'est pas un épiphénomène. La remontée de Fillon, qui ne peut être due à la politique de ce dernier, est même la preuve que la situation est grave et durable. François Fillon remonte parce qu'il ne fait rien. La chute de Nicolas Sarkozy est le symbole majeur d'un refus profond d'une certaine façon de faire de la politique. Et comme visiblement le chef d'Etat n'a pas l'air de prendre en compte l'urgence de la situation, il est à craindre qu'un désaveu aux municipales ne suffise pas à combler le fossé entre les aspirations du peuple et la pratique du pouvoir.