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12 août 2013

La crise du cinéma français est aussi une crise de la création

Jusqu'au début de l'année 2012, tout semblait aller pour le mieux pour le cinéma français. Des records de fréquentation, des prix dans tous les grands festivals, des films qui s'exportent. Bref, en ces temps de crise, une sorte d'ilot de sérénité. Et puis, depuis, tout semble s'être détraqué, avec notamment la polémique sur les salaires des stars et les difficiles négociations sur la convention du cinéma français, et surtout la chute de la fréquentation des salles obscures pour les films nationaux.

C'est oublier cependant que la crise du cinéma français était là bien avant 2012. La forte progression du nombre d'entrées ne reposait en fait que sur quelques films à gros budget (ce qui fait qu'ils n'étaient pas forcément rentables économiquement), l'immense majorité des productions françaises ne trouvant pas son public.

En fin d'année 2012, une tribune rageuse du producteur Vincent Maraval met le feu aux poudres. Il y révèle les salaires disproportionnés de certaines stars du grand écran qui empêchent certains films, pourtant grand public d'être rentables. Au-delà, c'est la fragilité d'un système qu'il met à jour. A cela s'ajoute les négociations sur le cinéma français, où les intermittents du spectacle, nombreux dans le monde du cinéma, demandent une revalorisation de leurs salaires et que toutes leurs heures supplémentaires soient. On le sait, le milieu des intermittents est un des plus précaires qui soit, et du point de vue du droit du travail, il apparaît parfaitement normal de leur garantir les mêmes droits qu'aux autres. Sauf que cela contribuerait à mettre en difficulté tout le cinéma d'auteur français, la richesse de notre pays, qui ne pourrait pas supporter de tels coûts. Difficile de trouver un juste milieu. Bref, la crise est réelle et semble partie pour durer longtemps, car il s'agit bien d'une crise structurelle, et non pas conjoncturelle.

Pour autant, le modèle économique français ne saurait seul expliquer la baisse de fréquentation. Il faut se tourner aussi vers la qualité des films proposés pour trouver une explication complémentaire. Le fer de lance du cinéma français, c'est la comédie. C'est dans ce genre que nous avons nos plus grands succès, et les films qui s'exportent le plus ("Intouchables", "The Artist"). Mais depuis le début de l'année, toutes les grandes comédies programmées pour être des grands succès ont fait des flops : "Turf", "Demi-soeur", "La grande boucle".

A cela, une raison principale, tous ces films (et pas seulement les comédies), reposent essentiellement sur casting fait de stars (donc grassement payées) et sur un sujet porteur mais limité (les courses hippiques, le Tour de France). Cela ne suffit jamais pour faire un film, d'autant plus que la plupart du temps les scénarios sont minimalistes. Le vrai problème du cinéma français est là ! Il n'y a plus de volonté de faire de la création, voire de la qualité, aujourd'hui, ce que l'on demande principalement à un cinéaste réputé pour faire du cinéma grand public, c'est d'être rentable, de faire du cash. Sauf que pour être rentable, il faut des spectateurs.

Les grands réalisateurs populaires qui ont fait les beaux jours de notre production nationale (Gérard Oury, Georges Lautner, Philippe de Broca, etc...) savaient que l'alchimie d'un succès était une chose compliquée et aléatoire, mais qu'aucun ingrédient ne devait être négligé. Les spectateurs retourneront voir des films français quand ces derniers seront enfin de qualité et ne prendront plus le spectateur pour un imbécile. La crise structurelle s'en trouvera alors plus simple à régler.

 

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Commentaires
S
Il est vrai que les bons films français manquent
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