On reparle de l'insécurité : y aurait-il des élections bientôt ?
Tôt ce matin, plusieurs centaines de CRS ont effectué un coup de filet sur une trentaine de personnes à Villiers le Bel et dans les communes alentour. Les personnes arrêtées sont supposées être celles qui ont tiré à balles réelles sur des policiers à l'automne dernier. Certes, les auteurs de ces actes sont des assassins en puissance et méritent d'être condamnés. Toutefois cette opération pose un certain nombre de questions graves.
En premier lieu, celle de l'ampleur de la force utilisée. Tant de CRS au petit matin, s'il n'y a pas là volonté de faire de la provocation... On doit sûrement avoir les moyens, en France, d'arrêter 30 personnes (qui en plus n'habitaient pas toutes au même endroit) de façon plus discrète.
Mais la discrétion n'était surtout pas de mise, bien au contraire, puisque la presse était présente sur place en grand nombre avant même le début des opérations. On est en train de faire de la justice un spectacle. C'est une grave dérive qui à terme ne peut qu'avoir des conséquences désastreuses dans ces quartiers, à la fois sur l'image des policiers et de l'Etat, mais aussi de la presse (rappelons que lors des émeutes de Villiers le Bel, plusieurs journalistes ont été pris à parti).
La date de cette opération n'est également pas due au hasard : à moins de trois semaines d'une échéance électorale qui s'annonce périlleuse pour la droite au pouvoir. Chacun sait qu'à chaque fois qu'elle est en difficulté, qu'elle ne peut s'en remettre à ses actes ou à son programme pour convaincre les électeurs, la droite joue sur les peurs, sur l'insécurité. Au risque de renforcer celle-ci. Mais cela présente toujours l'intérêt majeur de mobiliser son électorat.
En fin de semaine, plusieurs personnalités politiques de tous bords et de premier plan ont signé un texte contre une dérive de la pratique du pouvoir. Il dénonçait une pratique autoritaire et personnelle de l'exercice de certaines fonctions (celles du président, qui n'était jamais nommé). Il fut facile pour les ministres et notamment le premier d'entre eux, de fustiger le côté mauvais perdant des signataires. Il a cependant suffi de moins d'une semaine pour que les faits viennent leur donner raison. Là où la situation difficile de certains quartiers mériterait concertation, débat et surtout moyens financiers, les seules réponses proposées sont la force et la médiatisation. Comme si on voulait que les évènements de Villiers le Bel se reproduisent.