Avec Jean-François Copé, c'est le retour de la droite compléxée par son extrême.

Jean-François Copé va publier un livre qui sera son programme pour la campagne pour la présidence de l'UMP. Dés le titre, il annonce la couleur : il veut une droite décompléxée. On se prend à rêver et on se dit que c'est le retour de la droite qui avait une vision pour la France. De celle qui tenait un discours fort sur les valeurs de la République, ne cédant en rien aux sirènes de l'extrême-droite. De celle qui avec De Gaulle ou Chirac était capable de s'opposer au leadership américain pour mieux porter la voie de notre pays. De celle qui avait une vision économique pour le pays et était capable de construire de grands projets industriels. De celle qui savait que l'avenir de notre pays passait par l'excellence de sa politique éducative. De celle qui pensait qu'il n'y a pas de grande nation sans une élite digne de ce nom et avait donc soutenu les grandes écoles. On pouvait être en désaccord avec cette droite-là, gaulliste, pompidolienne et même encore un peu chiraquienne, mais force est de reconnaître qu'elle avait de la tenue.

Mais non, avec Copé, on est à des kilomètres de cette droite là. Copé lui, ne parle que de laïcité, de justice, d'immigration, d'identité, de sécurité, comme si c'était là les seuls maux de la France, comme s'il n'y avait pas de chômage, de précarité, d'injustice sociale ou de baisse du pouvoir d'achat. Il ne parle pas de ces derniers sujets parce qu'il n'a rien à dire dessus : Copé appartient à une droite qui a renoncé à modifier la donne sur ces questions (comme une partie de la gauche malheureusement).

Alors, il parle du reste, et il le fait avec les mots de l'extrême-droite. Parce que pour lui, c'est cela être décompléxé, c'est aller sur le terrain de Mme Le Pen au mépris des valeurs républicaines, au mépris aussi d'une certaine partie de son électorat. Ce faisant, Jean-François enfile certes les chaussures de Nicolas Sarkozy, mais reconnaît en filigrane qu'il est compléxé par le FN. C'est là tout le problème de Mr Copé et de la droite : s'imaginer qu'en piquant les idées des autres ils apparaîtront modernes et décompléxés, alors qu'en fait ils sont déboussolés et sans vision pour la France.