La droite se sert de la burqa pour mettre un voile sur les faiblesses de sa politique.
La commission parlementaire doit statuer d'ici le mois de juin sur le dossier de la burqa. Seulement voilà, en juin les élections régionales seront passées depuis belle lurette. Il faut donc accélérer le mouvement, c'est pourquoi l'UMP par la voix de Jean-François annonce vouloir présenter une loi dès le mois de janvier. Ce qui fait que ce dossier devient prioritaire et occupe tout l'espace médiatique.
Mais pourquoi est-ce aussi urgent d'interdire la burqa ? Evidemment, l'agression faite aux droits de la femme, voire aux droits humains tout court me révolte, pour autant la France est-elle envahie ? La République est-elle en danger ? Non, évidemment, car pour quelques femmes voilées de la tête aux pieds, pour quelques fous de dieu qui sévissent dans les banlieues (ce qui peut poser des problèmes dans certains quartiers), combien de musulmans vivent tranquillement et paisiblement leur et ne demandent qu'à rester dans cet anonymat ? Sans oublier que tous les maghrébins ne sont pas musulmans, et que la parole de ceux là n'est jamais entendue.
Donc pourquoi le débat sur la burqa maintenant ? Pour tenter de récupérer des voix avant les élections, certes. Mais pas seulement. Depuis des semaines, on ne parle plus que du débat sur l'identité nationale, et maintenant de la burqa. Exit la montée du chômage, les conflits sociaux, la faillite de la politique sécuritaire, exit la hausse colossale du déficit public, la privatisation de la Poste, l'explosion du nombre de pauvres. Bref, on ne parle plus de ce qui fâche et qui ramènerait forcément à la politique désastreuse de ce gouvernement.
L'identité nationale, la burqa, l'immigration, sont donc des dérivatifs, des cache misères. Mais attention, l'utilisation de ce genre de procédé risque d'avoir un prix colossal. A force d'opposer les gens les uns aux autres, de faire de la stigmatisation une arme de gouvernement, il ne faudra pas s'étonner un jour si les personnes stigmatisées se rebellent, et si les émeutes de 2005 se renouvellent.
En outre, même en admettant que le problème de la burqa soit la priorité des priorités, le gouvernement s'y prend comme d'habitude de la pire des manières. La montée d'un islam radical dans nos banlieues n'est que la conséquence de tous les autres problèmes sociaux que la France refuse de voir et de prendre à bras le corps. Je sais, c'est un cliché de le rappeler, mais les difficultés de logement, le chômage, l'insécurité, touchent d'abord les populations des quartiers populaires et surtout les personnes d'origine immigrée. Commentimmigrée.Comment peut-on parler d'identité nationale, d'intégration, à des personnes qui ont le sentiment que l'on ne veut pas d'elles. Et quand tout autour d'elles semble leur donner raison : combien de Français d'origine étrangère au parlement ou à la télévision ? Combien de hauts fonctionnaires d'origine africaine ou asiatique ?
La montée de l'intégrisme religieux musulman n'est que la réaction à ce racisme latent. Elle est surtout la preuve que les leçons n'ont pas été tirées après les émeutes de l'automne 2005. L'immense majorité de ces jeune s qui cassaient tout sur leur passage n'étaient pas des voyous. Ils ne faisaient que crier leur envie de vivre ici, d'être considérés eux aussi comme des Français à part entière. Ce désir est toujours là, mais attention, la présence de plus en plus visible d'islamistes radicaux doit être interprétée comme un signal d'alarme que les choses sont en train de changer.
PS : Dans toute cette histoire, le plus triste est que c'est un élu communiste qui est à l'origine de la création d'une commission parlementaire sur le sujet. Pourtant Mr Gérin, maire de Vénissieux est bien placé pour savoir que les extrêmistes de tout poil prospèrent d'abord sur la misère sociale.