Elections régionales : Ile de France.
Comme annoncé il y a un mois, je commence mon tour de France des régions, 3 mois avant les élections. Je débute avec la première des régions, celle qui concentrera tous les regards : l'Ile de France.
Vu l'importance politique, économique, culturelle et démographique de la région capitale, il va sans dire que tous les 6 ans, les principaux partis mettent tous leurs efforts sur cette région. Mais cet année, les enjeux seront encore plus forts, à cause du projet de grand Paris voulu par Nicolas Sarkozy et qui risque fort à terme de modifier en profondeur les équilibres politico-socio-économiquespolitico-socio-économiques.
Toutefois, dans cette région si importante, le thème de campagne majeur reste les transports (et en cette période d'intempéries, ce ne sont les personnes coincées dans les bouchons qui me diront le contraire). L'organisme qui gère les transports publics en Île de France, le STIF, a fait l'objet d'une bagarre politicienne intense, de nombreux projets se trouvant bloqués faute de majorité pour les voter. Pourtant, le défi à relever en ce domaine est immense : vétusté des lignes SNCF et RATP, quasi absence de liaisons banlieue-banlieuebanlieue-banlieue, désenclavement de nombreux quartiers, etc.
Outre les transports, les problématiques liées à la pollution et à l'écologie vont jouer un rôle important. Beaucoup plus que dans toutes les autres régions, la population est ici fortement urbanisée, avec des classes moyennes sur représentées. Or, les dernières élections ont montré que ces populations étaient les plus sensibles aux questions environnementales. L'échec de la conférence de Copenhague ne devrait pas diminuer l'impact des besoins d'écologie chez les Franciliens.
Les forces en présence :
La gauche radicale :
Comme aux européennes, les principaux partis n'ont pas réussi à se mettre d'accord et devraient donc partir séparés aux urnes. Lutte ouvrière et le NPA présentent chacun leurs listes. Dans cette région riche où les nombreux quartiers populaires fournissent le gros des bastions de l'abstention, leur score devrait rester symbolique.
Il pourrait en être autrement du Front de gauche qui rassemble le PCF et le parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Le PCF possède encore de nombreux bastions en petite couronne, et le front de gauche, comme en juin dernier pourrait bénéficier du déclin de l'image d'Olivier Besancenot dans l'opinion et d'une bonne dynamique. Reste toutefois un handicap majeur : le PCF est toujours un parti aux pratiques staliniennes, et il s'entête à imposer la candidature de l'inconnu et peu charismatique Pierre Laurent, ce qui permettrait à ce dernier de pouvoir ensuite remplacer Mme Buffet. Comme d'habitude, l'intérêt du parti prime sur l'intérêt des électeurs, car les candidatures de messieurs Mélenchon ou Braouezec auraient été bien plus pertinentes et porteuses d'espoir.
Le Parti socialiste :
Le parti socialiste détient la région depuis 12 ans. Il a bénéficié la dernière fois d'une triangulaire imposée par le Front National. Il y a fort à parier que ce ne soit pas le cas cette fois-ci. En outre, le PS partira seul à la bataille, sans les écologistes cette fois-ci, avec en plus la présence du MODEM. C'est dire si au premier tour la partie sera compliquée pour jean Paul Huchon, d'autant plus que ce dernier malgré ses six années de présidence de région, reste méconnu et sans envergure. Pour autant, le PS défendra un bilan somme toute positif si on tient compte de tous les bâtons dans les roues mis par la droite au sein du STIF ou par l'entremise du gouvernement. L'enjeu principal pour le PS, sera de mobiliser les catégories populaires au premier tour, ce sont elles qui devraient lui permettre de devancer les listes Europe Écologie. Au second, Jean-Paul Huchon est à 3 mois de l'élection, pour l'instant largement favori.
Les Écologistes :
La composition sociologique de la région joue pour eux : l'importance des classes moyennes et la prédominance des thématiques environnementales devraient leur permettre de faire un gros score. Si on ajoute à cela une liste jeune, homogène avec des personnalités connues et respectées pour leurs engagements (Augustin Legrand, Coline Serreau, Stéphane Hessel, Pierre LarrouturouLarrouturou, etc.), la secrétaire des verts met tous les atouts de son côté pour créer la surprise au soir du premier tour. D'autant plus qu'ils peuvent aux aussi revendiquer leur part dans le bilan de la mandature. Reste toutefois deux inconnues qui pourraient les empêcher de devancer le PS : l'importance du vote utile, et l'impact de la conversion de Nicolas Sarkozy sur les plus centristes de leurs électeurs potentiels.
Le MODEM :
Les temps changent pour les centristes. En 2004, la liste menée par André Santini avait fait alliance au second tour tour avec la droite. Aujourd'hui, les centristes se rapprochent de la gauche. En Ile de la France, le parti de François Bayrou fait le pari de la diversité avec un jeune homme d'origine antillaise en tête de liste. Il devrait cependant avoir beaucoup de mal à exister avec la montée en puissance des écologistes qui pompent une grande partie de l'électorat modéré. Toutefois, il devrai comme il se doit être fortement courtisé entre les deux tours.
L'UMP :
S'il y a une région que la droite voudrait récupérer, c'est celle-ci. Avec le projet de grand Paris, et le futur agrandissement du quartier de la Défense, Nicolas Sarkozy ne manque pas d'ambitions pour la région capitale. Il lui importe donc qu'elle soit dirigée par un de ses fidèles. C'est donc une de ses ministres les plus en cour qui s'y colle : Valérie Pécresse. Même si elle devrait bénéficier de l'apport que constituent les bastions indéfectibles des Yvelines et des Hauts de Seine, la partie s'annoncent compliquée pour la ministre de l'enseignement supérieur. En premier, parce que même si elle est aux affaires depuis deux ans, elle reste largement méconnue du grand public. Ensuite, parce que comme tous les candidats de la majorité, elle va pâtir de l'image désastreuse de Nicolas Sarkozy dans l'opinion. Enfin, parce que son principal adversaire est elle-même : elle a parfois une forte tendance a méprisé ses interlocuteurs, ce qui pendant une campagne peut avoir un effet dévastateur.
Le Front National :
Au milieu des années 80, le parti d'extrême-droited'extrême-droite faisait des scores élevés dans les banlieues populaires. Avec le temps, son poids électoral a reflué, un peu plus en petite couronne qu'ailleurs, essentiellement à cause du métissage important de la société francilienne. Aujourd'hui, même s'il profite de la mise en avant de thématiques qui lui sont chères, il ne devrait pas retrouver dans la région suffisamment d'audience pour figurer au second tour. Auquel cas, il enterrerait définitivement les chances de la droite.