Rachida Dati, bourreau de la justice.
L'indépendance des juges par rapport aux politiques a toujours été un sujet sensible en France. En outre, depuis l'affaire d'Outreau la confiance semble en berne entre les Français et leur système judiciaire. Pour ces raisons, la nomination du garde des sceaux par Nicolas Sarkozy était très attendue, d'autant plus que le nouvel élu avait proclamé son attachement à une justice indépendante, en rupture avec les impressions laissées par ses prédécesseurs.
Et il faut bien avouer que les premiers temps, la nomination d'une jeune femme, dynamique et magistrate a plutôt séduit. Si en plus on rajoute qu'elle est issue de l'immigration, il y avait tout lieu de penser à un coup politique formidablement réussi.
Las, cette impression première n'a durée que peu de temps.
Mme Dati est tout d'abord apparue comme le fidèle serviteur du président, le suivant partout, accédant à toutes ses demandes, ne le contredisant jamais. Mais de plus en plus, la vraie personnalité de la garde des sceaux a été mise au grand, avide de paillettes, de mondanités, bien plus soucieuse de son image personnelle que du bon fonctionnement de la justice. d'ailleurs, sur le souci permanent de son image, je vous conseille cet article : http://www.ruewww.rue89.com/2008/07/30/rachida-dati-ministre-a-com-et-a-traversrachida-dati-ministre-a-com-et-a-travers.
Elle est donc extravertie dans un ministère qui suppose humilité et retenue. Mais ce n'est pas tout. Elle s'est également révélée autoritaire dans la façon d'imposer ses vues sur le fonctionnement de son ministère. Sa réforme de la carte judiciaire est passée sans quasiment aucune concertation et contre l'avis souvent des magistrats eux-mêmes, mais aussi des élus (même ceux de sa majorité) et des populations.
Mais ce n'est pas tout. A l'instar de Mr Sarkozy, elle a une fâcheuse tendance à se prendre pour Saint-Louis et à croire qu'elle incarne la justice. L'épisode dramatique de l'assassinat d'un petit garçon à Lagnieu est en cela exemplaire de son attitude. Dans quel autre pays que la France peut-on imaginer un ministre de la justice se rendant aussitôt sur les lieux du drame, histoire d'exploiter médiatiquement l'émotion populaire ?. Mais surtout, dans quel autre pays que la France un ministre de la justice annoncera lui-même les actes d'accusation contre les assassins présumés, en lieu et place d'un juge ?
Mme Dati rend la justice avant que celle-ci n'ait eue lieu. Quelle indépendance laisse-t-elle au juge chargé de l'affaire. Elle retire à la victime le droit à une justice juste et impartiale, et au coupable celui du respect de ses propres droits, et en premier lieu celui de la présomption d'innocence.¨
Pour toutes ces raisons, il serait temps que Mme Dati démissionne, et que l'on puisse enfin s'attaquer aux vrais problèmes de notre système judiciaire qui ont si lamentablement éclatés au moment de l'affaire Outreau.