Le Modem : le Canada Dry de la droite !
On aimerait être sympathique avec François Bayrou, tant l'homme paraît sincère dans sa démarche. Il faut dire qu'il est courageux le François Bayrou, sous ses dehors rustiques, il a su montrer qu'un homme politique pouvait rester fidèle à ses valeurs, à ses idées sans que cela ne soit fatal du point de vue électoral. Il a pris des coups, beaucoup, subi des trahisons, fait des erreurs, mais il est toujours debout. Oui, on a envie de l'aimer François Bayrou, parce qu'il apporte un peu de fraîcheur et d'humanité dans un monde brut.
On aimerait bien, mais on ne peut point. Parce que le Modem, c'est avant tout une posture. L'UDF, même débarrassée de ses ténors partis chercher des maroquins à UMP, et rajeuni par toute une jeunesse branchée sur internet et déçue par le PS, l'UDF reste un parti fondamentalement attaché aux valeurs du capitalisme : l'individualisme, la loi du marché, l'économie libérée du droit du travail.
Il est bien beau de dire que l'on arrête la politique partisane et que l'on prend les meilleurs à droite et à gauche. Mais pour que ces meilleurs puissent travailler ensemble, ils faut au moins qu'ils soient d'accord sur l'essentiel : il faut préserver le modèle économique actuel. Ce qui veut dire que l'on prend les moins à gauche de la gauche (ci qui va s'avérer difficile, ces derniers sont déjà partis rejoindre la droite qui s'assume), et les gens de droite à qui on a encore rien promis, ou qui ne se reconnaissent pas dans le despotisme actuel.
Car au fond, c'est une façon différente d'exercer le pouvoir que prône Bayrou. Le changement ne serait pas sur le fond, ni sur la politique économique de ce pays. Or, c'est bien le fond la source de tous nos maux, ici comme ailleurs. Et ce n'est pas parce que Bayrou se retrouve de plus en plus à voter avec la gauche à l'Assemblée Nationale, qu'il mènerait une politique différente de celle de Sarkozy. Non, cela prouve seulement que le PS a dangereusement glissé sur sa droite.
Mais, François Bayrou a trouvé bien peu de choses à redire sur l'intervention de Nicolas Sarkozy. Ni sur les principales réformes du nouveau président. Il critique seulement la forme, rarement le fond. Parce que du PS à l'UMP, en passant par le Modem, ils sont d'accord sur un point : le libéralisme a gagné, tout au plus certains l'acceptent avec contraintes et gardent l'espoir de l'aménager, là où d'autres s'en réjouissent.
Le Modem, ça a l'air différent, ça rappelle des valeurs d'autrefois, ça se veut synonyme d'espoir, mais le Modem, c'est du Canada Dry, de la droite libérale qui ne veut pas le dire.