Il y a deux ans, les banlieues brûlaient !
Il y a deux ans, la France recevait en pleine poire le boomerang d'une politique de la ville qu'elle n'a jamais voulu prendre en charge. Il y a deux ans, alors qu'il aurait dû être la première victime des émeutes qu'il avait en partie attiser, et qui montraient l'inefficacité de sa politique sécuritaire, le ministre de l'intérieur de l'époque a su surfer sur la vague de l'insécurité. C'était il y a deux, le monde entier ne parlait que de ça, chacun se posait des questions sur les raisons de ces évènements, mais les hommes politiques, les médias, les intellectuels allaient enfin traiter le problème des banlieues, des discriminations, de l'intégration, de la pauvreté, des inégalités sociales. C'était il y a deux ans, mais aujourd'hui, qu'est ce qui a changé ?
Bien peu de choses en réalité. Le chômage dans les quartiers difficiles est toujours 3 à 4 fois supérieur à la moyenne nationale. Il est toujours plus difficile de trouver du travail si votre patronyme ne fleure pas bon la France profonde. Des dizaines de voitures continuent de brûler chaque soir. L'insécurité n'a en aucun cas baissé, pas plus que la pauvreté ou les inégalités.
Des évolutions, j'en vois deux, et elles ne vont pas forcément dans le sens d'une amélioration.
Aujourd'hui, les pauvres, les chômeurs, les étrangers surtout, sont encore plus stigmatisés qu'avant. Désormais, la politique du bouc émissaire a été généralisée. Des comportements qu'on pouvait qualifier autrefois de racistes sont maintenant banalisés. Une partie de la population vivant sur ce territoire devra même justifier génétiquement que ses enfants sont bien les siens.
Mais, il est aussi notable que les faits d'insécurité qui hier pullulaient dans les gazettes ont quasiment disparu des médias en 6 mois. Est-ce à dire qu'il n'y en a plus ? Non, rien n'a évidemment changé. A Sevran, des bandes de quartier ont échangé des coups de feu. Une balle perdue a terminé dans une école maternelle. Il est évident que pendant la campagne électorale, cet évènement aurait fait la une plusieurs jours de suite. Aujourd'hui, rien ou presque. Nicolas Sarkozy a été élu président, conformément au souhait de ses amis patrons de presse. Alors, dormez maintenant, il ne se passe plus rien. C'est à peine s'il s'est passé quelque chose il y a deux ans.