La gauche la plus bête du monde !
Depuis le 6 mai et l'élection de Nicolas Sarkozy, la gauche dans son ensemble et le parti socialiste en particulier, donne l'impression de ne pas trop savoir où elle va, d'être déstabilisée par l'ouverture sarkozyste et par l'avalanche de réformes. Et comme si cela ne suffisait pas, les principaux dirigeants affichent publiquement leurs divisions, certains n'hésitent pas à trahir leur camp pour rejoindre le gouvernement. Il me semble qu'après une défaite, l'attitude raisonnable aurait été de se rassembler, faire corps, et régler tous les problèmes en interne, en laissant le plus possible les médias hors de ce débat. Ce n'est visiblement pas la voie qui a été choisie, si tant est qu'il y est une voie. Et on a de quoi être inquiet, ce sentiment de flottement touche tous les partis de gauche, même la LCR ne semble pas épargnée.
Pourtant, on pouvait espérer qu'à l'approche des élections municipales qui ne se présentent pas trop mal dans de nombreuses villes, les tensions seraient un peu oubliées. Foin de cela, les querelles sont au contraire réactivées, entre un parti communiste qui essaie de sauver les meubles, un parti socialiste qui a une volonté d'hégémonie à gauche, et des verts qui se croient toujours électoralement plus parlant qu'ils ne sont. Rajoutés à cela, toutes les ambitions et les dissensions locales, on voit bien que même à l'échelon municipal, l'image que la gauche donne d'elle-même est pitoyable.
La meilleure illustration de tout cela , c'est dans le Pas de Calais qu'on la trouve à Hénin-Beaumont exactement, terre ouvrière historiquement à gauche.
Marine Le Pen n'a pas caché sa volonté de s'emparer de la ville, surtout après son excellent score aux dernières législatives (45% sur la ville). Certes, malgré son aura et sa stature nationale, on pouvait penser légitimement penser que Mme Le Pen pâtirait du déclin électoral de son parti ainsi que de la récupération de nombre de ses thèmes de prédilection par l'UMP. Mais, c'était une fois de plus compter sans le parti socialiste local qui détient la mairie. Depuis 2001, ce dernier ne s'en sort plus des affaires et des divisions intestines. Tant et si bien qu'à l'heure actuelle, il n'y a pas moins de 3 listes issues du seul parti socialiste qui sont candidates. Dans une ville labourée efficacement depuis des années par les militants frontistes locaux, une ville fortement touchée par les fermetures d'usines (Metaleurop), c'est dire le boulevard que Marine Le Pen a devant elle.
Et c'est bien là le problème de la gauche aujourd'hui. Dans sa doctrine, dans sa pratique politique, c'est toujours l'intérêt collectif qui a primé sur l'individualisme. En se livrant à des querelles d'hommes, très loin des débats de fond, elle désorientent ses militants et une grande partie de ses électeurs. Les querelles d'hommes, d'appareils, sont à mille lieues des valeurs de solidarité et de partage, qui pour moi devraient être au coeur même d'un projet de gauche.