Sicko / de Michael Moore
Voici le nouveau film du trublion de la gauche intellectuelle américaine. Et il annonce la couleur dès le titre : sicko est en effet la contraction de sick (malade) et de psycho. Le film a pour objet les dysfonctionnements du système de santé américain.
Et ce que montre Michael Moore a de quoi faire frémir. Dans le style fait de manipulation du spectateur, de provocation politique et de beaucoup d'humour qui est désormais sa marque de fabrique, il nous donne à voir des dizaines d'américains victimes des compagnies d'assurances. Et les conséquences des velléités de profit de ces organismes peut aller jusqu'à entraîner la mort.
Parce qu'aux Etats-Unis, rien n'est mutualisé comme dans la plupart des démocraties occidentales, les américains doivent se payer eux-mêmes des assurances privées. Autant dire, qu'une grande partie de la population ne bénéficie d'aucune sécurité sociale. Mais le film s'intéresse surtout à ceux qui sont assurés, et là, on s'aperçoit que beaucoup n'ont pas accès aux soins les plus coûteux, les compagnies mettant tout en oeuvre pour ne pas rembourser, et les raisons évoquées relèvent parfois du burlesque : opérations jugées expérimentale, vice de procédure, etc. Le hic, c'est que si ils ne sont pas surs d'être payés, les hôpitaux n'ont pas obligation de soigner (à l'inverse de la France par exemple), et refusent donc les patients.
La démonstration est forte, et le portrait d'une Amérique égoïste et individualiste à outrance, aux antipodes de l'image de grande puissance habituellement véhiculée. On peut cependant reprocher à Michael Moore, quand il compare le système américain avec d'autres pays, la France notamment, son manque d'objectivité. Je pense que peu de Français se reconnaîtront dans ce qu'ils verront. Cela nuit à la force de son propos. Cependant, lui-même reconnaît cette faiblesse, et admet que son film est à la base destiné au public américain. C'est d'ailleurs son plus grand succès jusqu'à présent.