L'autre 11 Septembre
Le 11 septembre 2001, la société Moulinex, fleuron de l'industrie française, déposait son bilan, entraînant ainsi la fermeture de 4 usines, et le licenciement de 3240 salariés. La société Seb ayant repris seulement partiellement le groupe.
C'est parce qu'ils estimaient que les clauses du plan social n'avaient pas été respectés que 600 salariés se sont battus pendant 6 ans. En effet, pour eux, chaque salarié n'avait pas reçu d'offre d'emploi, comme l'engagement en avait été pris, et le reclassement n'était pas non plus conforme à la signature donnée.
Certes, le Conseil des prud'hommes de Caen a validé la régularité des licenciements, mais a donné raison sur les deux points précités aux anciens de Moulinex, qui devraient toucher chacun entre 1 000 et 55 000 euros.
C'est une très belle victoire pour le mouvement ouvrier, qui prouve que la lutte paie toujours lorsqu'elle est menée collectivement. L'image des syndicats est, à mon sens renforcée, puisqu'ici, comme dans bien d'autres cas moins médiatisés, ils ont soutenu les salariés jusqu'au bout, et ont gagné. Malgré le faible taux de syndicalisation, ils ont prouvé leur utilité, et par là, leur représentativité du monde du travail.
C'est aussi un très bon avertissement à toutes ces entreprises qui délocalisent ou licencient abusivement. Désormais les ouvriers savent que la lutte collective, même quand on a perdu son emploi, cela peut payer. Aux syndicats de le faire savoir.
Enfin, ce verdict met en évidence l'importance pour les salariés des conseils de prud'hommes. Cette juridiction sociale, composée de salariés et d'employeurs à parts égales, a pour compétence le monde du travail. Les conseils de prud'hommes traitent plus de 200 000 affaires par an. Or, Mme Dati, dans son projet de réforme de la justice, ne souhaite pas seulement supprimer des tribunaux de proximité, elle pourrait également s'en prendre aux prud'hommes. Jusqu'au 2/3 des juridictions pourraient disparaître. Après l'annonce par Mr Sarkozy, devant l'université d'été du MEDEF de dépénaliser certaines infractions pour les patrons, c'est un nouveau coup porté au monde du travail.