Il faut défendre le service public !
Au moment de l'ouverture du marché de l'électricité et du gaz, il ne me semble pas vain de se demander ce qu'est un service public, et à quoi il sert.
Si le moindre village est aujourd'hui relié à l'électricité ou au téléphone, ces infrastructures ont coûté très cher. Si cher qu'aucune entreprise privée, aussi puissante soit-elle, aurait pu les financer. De plus, EDF, ou France Télécom, ou la SNCF, en tant que services publics ont également eus pour missions jusqu'ici de desservir l'ensemble du territoire et de pratiquer les mêmes tarifs pour tout le monde, même s'il est évidemment plus coûteux de raccorder à l'électricité une maison isolée de montagne qu'un immeuble de centre ville.
En privatisant une partie des services publics, ou en les soumettant aux lois du marché, ce sont 60 ans de politique d'aménagement du territoire que l'on remet en cause. Et ce, à des fins purement mercantiles. Lorsque l'on privatise GDF en faisant rentrer Suez dans le capital, toutes les infrastructures ont déjà été construites et financées par l'Etat, donc par les citoyens. Désormais, ce sera une entreprise en partie privée qui exploitera le réseau, sans avoir dû dépenser un centime en investissement. C'est donc le bien des Français que l'on brade.
Et quel est le bénéfice pour le citoyen ? Lorsque les réseaux d'eaux ont été confié par la majorité des municipalités a des compagnies privées, l'argument majeur était que cela baisserait le coût. Il n'en a rien été, bien au contraire. De plus, certains réseaux sont tellement mal entretenus (et oui, cela coûte de l'argent) que certaines villes municipalisent leurs régies. De même, l'ouverture à la concurrence du téléphone n'a en aucun cas fait baisser les tarifs. Les entreprises ayant de plus visiblement conclu des accord illicites. Egalement, la déréglementation des services de renseignement (le 12) a vu une explosion de l'offre et des tarifs.
Si les citoyens lambda n'y gagnent pas forcément au niveau des prix, on peut penser que cela a peut-être créé des emplois. Rien n'est moins sur quand on voit par exemple que les opérateurs téléphoniques délocalisent à l'étranger leurs centrales d'appels.
Un autre argument est qu'en ouvrant certains services à la concurrence, ou en leur fixant des objectifs de rentabilité, on améliore la qualité du service rendu. C'est évidemment complètement faux. Le meilleur exemple est celui du TGV Est. En développant cette ligne fort rentable, la SNCF en a dans le même temps fermé d'autres qui l'étaient moins, ou a supprimé certains trains. Résultat, on accentue la désertification de certaines zones, et la ligne de TGV étant complètement saturée, de plus en plus de personnes sont désormais obligées de prendre leur véhicule. En outre, quelle entreprise privée pendant la tempête de l'hiver 1999, aurait pu maintenir une qualité de service telle qu'on l'a eu. Et là, bien sur, il ne pouvait plus être question de rentabilité, ce qui pour une multinationale est inenvisageable.
Sur tous ces sujets, coût, création d'emploi, qualité de service, mais aussi entretien des infrastrucutres, investissements, on pourrait multiplier les exemples de la nécessité de conserver des services publics non soumis à rentabilité (ce qui ne veut pas dire déficitaires). Toute entreprise privée qui jusqu'ici s'est trouvée en responsabilité d'une mission de service public, n'a eu qu'un souci, en tirer le maximum de profit, le plus vite possible. Pour elle, le reste n'est que littérature.