Nuages noirs sur l'indépendance des médias !
Après les articles censurés dans la presse, ce sont deux émissions de la télévision et de la radio réputées pour leur liberté de ton qui vont être supprimées des grilles en septembre, soulevant un vif émoi dans la profession et au-delà.
Ces deux émission, Arrêt sur images sur France 5, et La Bande à Bonnaud sur France Inter, outre leur contenu subversif et pertinent ont aussi pour point commun d'avoir deux présentateurs emblématiques. L'un, Daniel Schneidermann est réputé pour sa critique sans concessions de la télévision, ce qui lui vaut d'ailleurs de nombreux ennemis parmi ses confrères, l'autre, Frédéric Bonnaud est un animateur qui sait posé les questions qui dérangent, et qui a une formidable connaissance du milieu culturel et littéraire.
Cependant, il est intéressant de noter que derrière l'annonce de la suppression de ces programmes, personne ne peut soupçonner l'entourage du président Sarkozy d'être intervenu. Non, il n'en a pas besoin, puisqu'un bon réseau d'amitiés solides et bien placées suffit pour tenir en laisse toute une profession.
Une autre illustration de cette remise au pas générale, réside dans ce qui se passe au niveau de la presse économique. Bernard Arnault, grand ami de Nicolas Sarkozy et propriétaire du journal La Tribune essaie d'acquérir son concurrent Les Echos. Cela voudrait dire que 100 % de la presse économique de ce pays serait dans les mains d'une même personne, ce qui est contraire à toutes les règles en vigueur concernant la concentration des médias. De plus, les journalistes des Echos sont terriblement inquiets pour leur propre indépendance, puisqu'ils n'oublient pas les pressions exercées sur leurs collègues de La Tribune (rappelons nous le sondage non publié parce que favorable à Madame Royal plutôt qu'à Monsieur Sarkozy).
Face à toutes ces inquiétudes, les journalistes de nombreux médias, journaux, radios, télés, commencent à se rebeller. Le forum permanent des sociétés de journalistes a demandé une entrevue au président de la république, et réclame une modification de la loi allant dans le sens d'une plus grande protection des journalistes.
De plus, dans de nombreuses rédactions, la résistance s'organise. Les journalistes de plusieurs journaux appartenant à Lagardére ont interpellé leur patron. Les journalistes du Monde, après avoir obtenu l'éviction de Jean-Marie Colombani sont en passe d'obtenir celle d'Alain Minc, président du conseil de surveillance. Les journalistes des Echos et de la Tribune se sont mis en grève pour protester contre les manoeuvres financières autour de leurs titres. Ceux de France Inter ont également cessé le travail pour soutenir Frédéric Bonnaud. Une pétition de soutien à Daniel Schneidermann a reçu plus de 100 000 signatures sur le net. Les sociétés de journalistes de plusieurs rédactions télés et radios ont instauré un système d'alerte pour se prévenir mutuellement à chaque fois que des pressions s'exercent.
Il faut enfin noter la place importante d'internet dans cette contestation, puisque c'est souvent par ce biais que les censures et pressions diverses ont pu être divulguées au grand public.
Au-delà d'une corporation qui défend son métier, c'est la qualité de notre information qui est en jeu, donc une partie de la formation nécessaire de l'esprit critique de chacun.