"Les écorchés" de Noir désir
L'assassinat de Marie Trintignant par Bertrand Cantat a un peu éclipsé de nos mémoires le rôle qu'a joué Noir Désir sur la scène musicale française. C'est vraiment dommage car Noir Désir fut et reste le plus grand groupe de rock chantant dans notre langue. Si le premier album sorti en 1987 (pas vraiment un album d'ailleurs, il ne contenait que 6 titres) est resté confidentiel, le second, intitulé "Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient)" va être une véritable déflagration pour tous les ados de cette époque.
Certes le disque était porté par le single "Aux sombres héros de l'amer", mais cette chanson un brin potache, basée sur des jeux de mots, cachait vraiment l'âme du reste de l'album. les chansons sont un mélange de colère, de désespoir, le tout exprimé dans une écriture très poètique, et surtout en français pour la plupart des chansons. Cantat habite, vit ses chansons, à tel point qu'il fait parfois penser à Jim Morrisson, dans l'interprétation. On était loin de la simplicité efficace de Téléphone, autre fleuron hexagonal.
Surtout, parmi nombre de pétites, il y a "Les Ecorchés", incroyable chanson qui prouve que le rock en français peut exprimer le mal-être de toute une génération, celle du sida, celle du chômage de masse, celle de la chute du mur et de la fin des idéologies, qui ne croit plus en rien mais veut brûler la vie. Un rythme incroyable, les hurlements de Cantat, l'ado que j'étais s'est identifié, je n'ai pas été le seul. Le mythe "Noir Désir", groupe conscient et énervé, était lancé.
Si la chanson a au départ pâtit de l'ombre que lui faisait "Aux sombres héros de l'amer", elle est peu à peu devenue un standard du groupe, voire un morceau emblèmatique.