Le charlatan Castaner se noie dans des habits trop grands pour lui

Christophe Castaner est une erreur de casting, c'est désormais une évidence. D'ailleurs Macron avait beaucoup de doutes avant de le nommer, il a réfléchi deux semaines pour remplacer Gérard Collomb à ce qui est quand même un poste clef de la République et a décidé de passer le ministre de l'intérieur de la deuxième place à la onzième place dans l'ordre protocolaire. Bonjour la confiance ! Il faut dire que placer à la tête de la police un méditerranéen beau parleur, joueur de poker aux anciennes fréquentations un brin douteuses, il y avait une part de risque évidente. Depuis l'automne 2018 nous ne sommes pas déçus.

A sa décharge, il faut dire que depuis qu'il est ministre de l'intérieur, Christophe Castaner n'a pas été verni. En moins de deux ans, il a quand même eu droit aux Gilets Jaunes, aux grèves contre la reforme des retraites, au confinement, au déconfinement, et maintenant les manifestations contre la police et les violences policières. Que des problèmes majeurs qu'il a la plupart du temps contribué à envenimé.

Pendant le mouvement des Gilets Jaunes, les pandores nationaux se sont lâchés. On compte en centaines les personnes qui ont été blessées par la police, certaines ayant perdu un oeil ou une main. A chaque fois le ministre est allé au soutien de ses troupes. Certes l'IGN est systématiquement chargé d'une enquête, mais plus de 18 mois après les faits, peu d'entre elles ont abouti, ce qui est étonnant quand on sait qu'il n'a fallu que quelques semaines pour condamner un ancien boxeur qui faisait le coup de poing sur des gendarmes. Bref, il fut un temps où les violences policières ne dérangeaient pas le ministre qui soutenait qu'il n'y en avait pas. D'ailleurs les manifestations gilets jaunesques n'étaient visiblement pas une grande préoccupation pour le ministre puisqu'au plus fort du mouvement il est surpris dans une boite de nuit parisienne dans les bras d'une jeune femme. Faut bien se détendre quand même !

Chez Castaner, le soutien aux troupes, ça peut aller loin, sinon jusqu'au mensonge au moins jusqu'à de forts arrangements avec la vérité. Ainsi, lors de la manifestation du premier mai 2019, il annonce que des manifestants , que l'on imagine alors agressifs et enragés, ont attaqué l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Des vidéos montreront dès le soir même qu'il s'agissait en fait de manifestants pacifiques qui cherchaient à se protèger contre les charges de la police qui elle, était beaucoup moins pacifique.

Un ministre droit dans ses bottes, dont la doctrine en matière de maintien de l'ordre se résume à un usage forcené de la matraque. Ainsi s'explique la nomination comme préfet de police à Paris de Didier Lallement, haut fonctionnaire à la réputation sulfureuse qui avait réussi à transformer Bordeaux en vitrine du mouvement Gilet Jaune. Un préfet qui interpelle des manifestants leur signifiant qu'il n'est pas du même camp qu'eux, dont les consignes sont contestées par les policiers eux-mêmes, et qui est donc malgré toutes ses sorties de route maintenu à son poste par le ministre.

Seulement, voilà que la machine s'emballe, se prend les pieds dans le tapis. Aux Etats-Unis, un homme Noir se fait assassiner par la police et c'est le monde entier qui s'offusque et manifeste. En Europe, c'est en France que les manifestations sont les plus importantes, puisque la mort de Georges Floyd résonne avec celle d'Adama Traoré quatre ans plus tôt dans des conditions ressemblantes. Place Beauvau comme à l'Elysée, c'est la panique. Alors que la France sort à peine de la pandémie, qu'elle déconfine dans la douleur, qu'elle s'apprête à affronter une des plus grande crise économique de son histoire, un mouvement social d'ampleur qui viendrait s'ajouter serait une catastrophe.

C'est là que Castaner pète les plombs. Alors qu'il nie les violences policières depuis sa nomination, d'un seul coup il se transforme en pourfendeur du racisme dans la police, tenant maintenant les propos qu'il aurait dû avoir au départ. Sauf qu'il est trop tard. Comment les policiers peuvent entendre et comprendre ce désaveu si soudain de la part de celui qui a si souvent couvert les excès d'une minorité d'entre eux. Pire, incompris par les forces de l'ordre, il l'est aussi par la jeunesse qui manifeste et qui n'a plus aucune confiance en sa parole.

Christophe Castaner est un mauvais ministre de l'intérieur, peut-être le plus mauvais que nous ayons jamais eu, mais celui qui est  derrière lui, celui qui l'a nommé et qui le maintient en poste, c'est le président de la République, Emmanuel Macron. C'est lui qui a voulu faire passer ses réformes au pas de charge sans écouter la rue, c'est lui qui a fait le choix du rapport de force pour régler quasiment tous les confilts. Aujourd'hui, lui et son ministre sont discrédités par la rue, par la police. Peut-être serait-il temps de changer de ministre et de revenir au dialogue.