Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
rêver de nouveau
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 244 035
10 mai 2020

Quelques réflexions personnelles et politiques sur le confinement

Voila, le confinement stricte, espérons-le, c'est fini ! Demain, c'est le début d'un retour à une vie plus normale, plus libre. Pourtant, ces presque deux mois inédits laisseront des traces en chacun d'entre nous. Pour certains cette période a été très dure à vivre, pour d'autres salutaire, entraînant le désir de vivre autrement. Pour tous, je pense, elle a été propice à la réflexion, à la remise en question personnelle, collective, politique. En tout cas, ce fut mon cas, et je me permets de livrer ici quelques pensées qui me sont personnelles mais qui je le crois, seront partagées par beaucoup : 

     - L'homme est définitivement un animal social. Il a besoin des autres. Même les plus renfermés, les plus taciturnes d'entre nous se sont aperçus que nous ne pouvions nous passer durablement de l'interaction avec les autres. Les amis, les collègues, les voisins, le bonjour du facteur, le sourire de la boulangère, la mine renfrognée des passagers du métro, tout cela c'est la vie, c'est indispensable (peut-être pas le métro !).

     - Animal social, l'homme est aussi un être de rituels. Si les premiers jours ont été compliqués, c'est d'abord parce qu'ils ont bousculés nos repères, nos habitudes. Ensuite, nos avons repris des routines, différentes, mais tout aussi importantes et nécessaires, et quelque part, si demain le déconfinement inquiète, c'est certes parce que la stratégie sanitaire du gouvernement est illisible, mais c'est peut-être aussi parce que nous allons devoir de nouveau rompre avec nos habitudes.

     - Le travail est une nécessité économique dans un monde marchand, capitaliste. Pas une nécessité vitale. Après deux mois sans travailler, ce qui manque, c'est l'argent, les échanges avec les autres, pas le travail. Il faut repenser notre relation au travail, à la vie économique, ils doivent être des outils émancipateurs. Aujourd'hui nous devenons esclaves du travail ou de son absence, il régit nos vies, et à travers lui le pouvoir économique régit toute la société. Nous ne sommes pas des marchandises, nous n'avons pas vocation à le devenir.

     - A contrario du travail, la fonction publique est devenue indispensable aux yeux de tous. Les fonctionnaires, qui servent facilement de punching-ball, et pas seulement dans la bouche de nos politiques ont été au centre de toutes les préoccupations, de toutes les attentions. Désormais, quand on parlera de baisse des impôts, de baisse des dépenses publiques, les Français sauront concrètement ce que cela signifie.

     - La culture est indispensable à la vie. On la pratique tous les jours, et pourtant, c'est quand on n'y a plus accès qu'elle nous manque, c'est quand les cinémas, les théâtres, les bibliothèques, les librairies, les musées, les bars, les restaurants sont fermés que l'on s'aperçoit qu'ils sont vitaux. Pour beaucoup, et j'en fais partie, les livres, les films, la musique (surtout !) ont permis de tenir le coup. Pour certains, cela a même été une redécouverte. Curieux paradoxe quand on sait que beaucoup d'endroits risquent de ne pas réouvrir. Sans la culture beaucoup d'entre nous auraient sombré, il faudra s'en souvenir dans les mois qui viennent.

     - C'est devenu un lieu commun de dire cela, mais ces deux mois ont montré à quel point nos dirigeants étaient coupés de la vraie vie. Outre qu'ils aient menti, tergiversé, ils ont surtout failli sur ce qui est leur fonction première : anticiper, rassurer, soutenir. A l'heure actuelle, les discours de Macron, de Philippe, de Castaner sont devenus anxiogènes. On sort de chacune des leurs interventions rempli d'incertitudes, de doutes, de rancoeurs. La rupture avec le monde politique est devenue patente. Elle est un de nos principaux problèmes à l'avenir.

     - L'Europe est morte, en tout cas l'Europe politique. Une fois de plus, les dirigeants européens auront été incapables de faire front ensemble dans la difficulté. L'Italie, l'Espagne ont été abandonnées et devant les difficultés économiques qui se profilent chacun continue à défendre son pré-carré. Pire, le plus grand acquis tangible de l'Union européenne, visible aux yeux de tous vient d'éclater sous nos yeux : la libre circulation des personnes est finies, dès la première secousse les frontières se sont refermées, les nationalismes ont repris le dessus. 

     - Pour finir, je finirai par un double constat un peu paradoxal. En premier lieu, une des choses les plus marquantes de ces deux mois, c'est l'incroyable solidarité dont ont fait preuve les Français dans leur ensemble. Cet épisode, globalement nous l'avons vécu tous ensemble, quelles que soient nos origines sociales ou culturelles. Pour l'avenir, je suis sûr qu'il agira comme un ciment commun. Pour autant, ce qui marque tout autant, et c'est là qu'est le paradoxe, c'est l'incroyable docilité avec laquelle nous avons tous accepté de se priver de nos libertés fondamentales. Certes, des vies étaient en jeu, mais quand même, le Français réputé si frondeur s'est plutôt montré obéissant. De là à donner des idées à quelque autocrate en goguettes, il y a un pas que je ne veux pas franchir aujourd'hui. Gardons plutôt en tête cette solidarité collective retrouvée, elle est salutaire.

 

Si vous avez aimé ce billet, abonnez-vous au blog

Publicité
Commentaires
T
Bonjour Leunamme<br /> <br /> Je suis surtout d'accord avec vos paragraphes sur le travail et la culture, moins avec ceux sur l'Europe ou sur nos dirigeants... Mais j'aimerai être aussi optimiste que vous sur la reconnaissance qui serait désormais accordée à la fonction publique!
Répondre
rêver de nouveau
Publicité
Publicité