Coronavirus : Emmanuel Macron a enfin les mots justes, malheureusement il est trop tard !

 "Le risque zéro n’existe jamais dans une société. Il faut répondre à cette anxiété sans tomber dans la doctrine du risque zéro". Ces mots ont été prononcés par Emmanuel Macron dans une interview donnée à Paris Match. Ils sont importants parce que depuis 8 mois que l'épidémie de Coronavirus est apparue en Europe, c'est la première fois que le Président de la République tient un discours de raison, qui n'est destiné ni à masquer une réalité, ni à dramatiser une situation. Dans ces deux petites phrases, tous les mots sont importants. Explication de texte : 

- "Le risque zéro n'existe jamais" : autrement dit, il faut éviter à tout prix une dérive hygièniste qui nous aménerait à ne plus penser qu'à se protéger du virus en oubliant l'essentiel, VIVRE. Ce n'est pas pour rien si dans la même interview Emmanuel Macron se réfère à Howard Hugues, ce milliardaire pionnier de l'aviation qui mourut reclus et seul à cause d'une peur obsessionnelle des microbes.

- "Il faut répondre à cette anxiété" : là encore c'est du bon sens, la présence du virus, sa virulence provoquent des problèmes sanitaires et par conséquent des angoisses dans la population, il faut donc rassurer et faire le nécessaire raisonnable pour faire diminuer la pression de la maladie sur notre société, d'où l'importance du rappel des gestes barrières, du port du masque (partout, ne tergiversons plus) et de la recherche pour les vaccins.

- "Sans tomber dans la doctrine du risque zéro" : c'est à dire éviter les excès, et notamment le reconfinement qui mettrait la société à l'arrêt et en grand danger économique. Mais pas seulement, cela sous-entend aussi qu'il faut retourner aussi vite que possible vers une reprise des activités le plus normales possible. Notons au passage que ce qui n'est pas dit ici mais qui résonne très fort, c'est que le confinement a probablement été une erreur, non pas du point de vue sanitaire, mais de toutes les conséquences sociales et économiques qui en découlent. C'est en tout cas ce que l'on peut déduire de cette autre phrase, prononcée elle aussi par Emmanuel Macron dans la même interview : " On ne peut pas mettre le pays à l’arrêt, parce que les dommages collatéraux d’un confinement sont considérables".

Enfin un discours équilibré qui ne nie pas le danger, mais privilégie l'essentiel, la vie, avec, son lot de dangers et d'imprévus. Malheureusement tout cela arrive bien tard, 8 mois après l'arrivée du Coronavirus en Europe, et après que la parole politique officielle se soit discréditée à force de se contredire elle-même.

N'oublions pas qu'en janvier, février et jusque début mars la position gouvernementale était de dire que la France n'était pas menacée par le virus et que même si celui-ci nous attaquait, la France et son système de santé était prêts et feraient face. On sait désormais qu'il n'en était rien et que ce discours n'avait qu'un but : cacher aux Français notre impréparation due à 20 ans au moins de gestion néolibérale de l'hôpital public.

Mais il y a eu pire. A partir de la mi-mars et de la décision de confiner la population pour permettre à nos hôpitaux de faire face, la volte-face gourvernementale au niveau des mots à été totale. Désormais le discours était martial, et en direct à la télévision, c'est une véritable déclaration de guerre que le Président a prononcée, même si l'ennemi était invisible. Il fallait faire peur le plus possible pour ne pas prendre le risque que le confinement échoue et que le virus se développe au point qu'il devienne incontrôlable. Ce que nous avons frôlé.

Le problème aujourd'hui, c'est qu'après avoir minimisé le problème, puis l'avoir volontairement dramatisé, le discours de raison ne peut plus être audible par une majorité de Français, lesquels malheureusement se réfugient de plus en plus vers des discours complotistes qui ont eux l'apparence de la constance et de la logique, même s'il n'en est rien.

Pendant, ce temps le virus circule, l'économie s'effronde, et Macron fait des interviews.