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21 octobre 2012

Alain Bashung "Fantaisie militaire" : la classe, tout simplement !

Alain Bashung est un immense artiste dont on a pas fini d'explorer l'oeuvre tant elle est dense, tant chaque titre fourmille de trouvaille que ce soit au niveau des paroles ou de la musique. Curieusement, Bashung ne faisait pas les paroles et pas toujours la musique, mais il y a un style Bashung, une marque de fabrique indéniable reconnaissable dès les premières mesures. En artiste exigeant, presque maniaque, il contrôle tout, chaque mot, chaque note, chaque arrangement. Surtout, il sait s'entourer. de ses paroliers fétiches, Boris Bergman ou Jean Fauque, aux musiciens en passant par les producteurs, il prend si ce n'est les meilleurs, des gens avec lesquels il est en phase artistiquement, des gens qui le comprennent et sont capables de répondre à ses attentes. Vous l'aurez compris, j'aime Bashung, tout Bashung, énormément, profondément, parce que sa musique fait partie de celle qui pénétre en nous, nous travaille longuement. N'importe quel disque de Bashung à toujours quelque chose à nous dire, même après 20 ans, même après 50 écoutes. Il a connu le succès sans jamais faire de concessions, sans céder à la facilité, ce qui en fait un artiste rare.

Pour parler de lui, j'aurai pu choisir n'importe quel disque, tant son oeuvre est cohérente tout en restant complexe. Pourtant mon choix s'est porté sur "Fantaisie militaire", album de 1998. Le magazine Rolling Stone le classe dans les meilleurs albums de rock français. Surtout, tout ce qui le caractérise est ici présent : les textes énigmatiques et poètiques de Jean Fauque, les collaborations d'artistes de talent (ici Les Valentins et surtout Rodolphe Burger, le chanteur de Kat Onoma, lui même fils spirituel de Bashung), la noirceur et la dérision qui sont sa marque de fabrique, et une reprise d'un classique (Bashung avait ce don rare de sublimer toutes les chansons qu'il a reprise).

L'album débute par le magnifique malaxe (paroles ici). Texte mystérieux à souhait soutenu par une musique lancinante, un brin zen. Tout Bashung est résumé dans ce morceau : le choix des mots (le vocable est le bon : il ne les écrit pas, il les choisit), la qualité des arrangements. A noter que ce sont "Les Valentins" qui sont à la musique. En 1998, ce groupe de pop était alors à son apogée.

Suit ensuite "la nuit je mens" (ici), chanson exceptionnelle, "Le" tube qui va lancer l'album et lui faire connaître le succès qui sera le sien. Tout est magnifique dans cette chanson qui joue sur le double sens des paroles : mari volage ou hommage à la Résistance. Cette nouvelle collaboration avec Les Valentins est un chef d'oeuvre. A noter que le clip, splendide lui aussi sera tourné par Jacques Audiard.
"Fantaisie militaire" est le titre qui donne son nom à l'album (ici). Chanson sur le dépit amoureux. Ça commence par un rythme lent, soutenu par un synthétiseur entêtant pour finir dans un déluge de son. En concert, il en fait tout autre chose, tout aussi intéressant ; car il faut rappeler que s'il était un grand artiste de studio, il était également excellent sur scène où il savait donner une nouvelle couleur, une nouvelle âme à ses chansons.
"2043" (ici), le morceau qui suit est plus abordable musicalement au premier abord. Pourtant à la deuxième ou troisième écoute on s'aperçoit qu'il a su par endroits rajouter des instruments, des arrangements qui participent pleinement à l'ambiance mystérieuse du morceau. "Mes prisons" commence par un déluge musicale, mais cette orgie de sons ne dure pas et Bashung sait ménager des plages plus douces à l'intérieur du même morceau avec un passage au violon splendide. Chanson personnelle et intime, Bashung y livre, de façon énigmatique évidemment, un peu de ses états d'âme.
"Ode à la vie" (ici) est un hommage à tout ce que Bashung aime : la poésie, la parodie, la vie. A noter l'importance des images naturelles dans les textes de ses chansons, phénomène récurrent sur tous les albums de la fin. Bashung sait aussi équilibrer un album. C'est ainsi qu'à la moitié de l'album arrive "Dehors", une chanson d'apparence plus légère, plus aérienne, une petite douceur, quoi !
La reprise de l'album (il y en a au moins une dans chaque album) arrive ensuite. Samuel Hall est une reprise d'un classique américain sublimé par Johnny Cash "Sam Hall". Bashung travaillera les paroles avec le poète Olivier Cadiot. Surtout, il compose la musique avec Rodolphe Burger, grand musicien à l'univers proche de celui de Bashung. Au final, une chanson, limpide, une des plus compréhensives de l'artiste, un bijou.
Après ça, retour au calme avec "Aucun express" (ici). Des nappes de synthétiseurs, pour une magnifique chanson d'amour, une ode à la beauté féminine qui dépasse toutes les inventions modernes.
En artiste complet, Bashung sait assimiler les influences qui l'entoure. avec "Au pavillon des lauriers" (ici) on découvre des sons orientaux magnifiques. Bashung savait tout faire ! Avec "Sommes-nous" (ici), la chanson qui suit , nouveau tube et grand classique de l'artiste, sur la complexité des sentiments humains.
Pour terminer un tel album, il fallait une dernière petite friandise. Ce sera "Angora" (ici), chanson personnelle ou Bashung nous livre ses problèmes de santé (allergies ou asthme je ne sais plus). Une chanson que Bashung jouait simplement accompagné d'une guitare en concert, et qui lui permettait de communier avec son public.
PS : spéciale dédicace à un ami très cher qui se reconnaîtra !
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