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1 juin 2011

Les rêves dansants, sur les pas de Pina Bausch de Anne Linsel et Rainer Hoffmann

Un documentaire sur la danse ! Contemporaine qui plus est ! A priori, c'était de l'ennui massif en prévision. Ce fut au contraire une extraordinaire découverte, d'une aventure humaine en premier lieu, d'un art et d'une forme d'expression que jusque là je dois bien admettre que je méprisais un peu.

Le principe du film est simple. Pina Bausch a décidé de reprendre l'un de ses spectacles culte, "Kontakthof" mais de le faire danser par des adolescents de 14 ans n'ayant aucune expérience chorégraphique et ignorant même la plupart du temps ce qu'est la danse contemporaine. On se retrouve donc à suivre une quarantaine d'adolescents pendant toutes les répétitions jusqu'au spectacle final.

La première chose qui surprend, c'est la force de cette aventure humaine. Ces jeunes, issus de milieux modestes, parfois en rupture avec leur milieu familial, vont apprendre à se connaître eux et leurs camarades pendant toute cette période. La danse, peu à peu, va donner un sens à leurs vies. Ils découvrent leurs corps, la sensualité, les rapports aux autres, la vie quoi. En l'espace de quelques mois, ces adolescents mal dans leur peau vont devenir plus forts, plus aguerris, prêts à affronter le monde. A l'heure où il est de bon ton de se méfier de la jeunesse, ce film est un véritable pavé dans la mare. Ces adolescents, de diverses origines, quand on leur donne leur chance, qu'on leur fait confiance, savent donner le meilleur d'eux-mêmes.

En face des adolescents, il y a les deux assistantes de Pina Bausch sans lesquelles rien ne serait possible. Elles sont constamment à l'écoute des angoisses et des appréhensions de ces jeunes, pour mieux leur apprendre à les surmonter. Grâce à elles, ils découvrent toutes les potentialités de leur corps. Surtout, ils prennent conscience d'une chose extraordinaire : ils existent et ils comptent.

Et puis, il y a Pina Bausch, évidemment, sans qui ce projet n'aurait pas eu lieu. Amaigrie, probablement malade, elle apparaît peu à l'écran. De fait, son rôle consiste essentiellement à superviser le travail, et à décider au final du choix des rôles pour le spectacle final. Pourtant, elle est là en permanence. Dans l'esprit des jeunes tout d'abord puisqu'on sent chez eux un immense respect de l'artiste. Dans la danse ensuite, puisqu'il s'agit de mettre en scène sa chorégraphie, probablement une de celles où Pina Bausch met le plus d'elle-même.

Et c'est là qu'intervient pour moi la grande révélation. Je n'avais pas conscience jusqu'ici à quel point cet art est central. En ayant le corps comme matière première, la danse touche à l'essentiel de l'humanité. On découvre qu'aucun geste, aucun regard n'est anodin, tout à une signification : nos corps parlent, souvent à notre insu. Certes, on le sait, on le perçoit de manière plus ou moins instinctive, mais dans ce film, les jeunes le découvrent concrètement, et nous avec. Il y a des choses aussi simples que crier, toucher un bras, se caresser, que certains n'arrivent pas à exécuter. Leur éducation, leur culture, les codes de la société font obstacle à leur expression pleine et entière. L'art de Pina Bausch leur permet de surpasser ces "interdits".

Ce film est assurément une grande découverte pour moi. Une sorte de révélation. J'ai aimé ces jeunes, j'ai aimé cette relation qu'ils ont à leur corps. J'ai découvert enfin Pina Bausch, une personnalité magnifique qui donne tout à son art, et dont le film constitue malheureusement une des dernières apparitions.

 

Sur le sujet :

Gballand a beaucoup aimé, tout comme Shangols.

Sur d'autres sujets :

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Commentaires
L
Jacques,<br /> Oui, se serait une bonne idée, sauf que... je n'ai pas la télé depuis 20 ans.<br /> <br /> Dasola, <br /> il ne reste plus qu'à espérer qu'il repasse par Paris.
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D
Bonjour Leunamme, Ces rêves dansants furent pour moi aussi une belle découverte. C'est un documentaire réussi de bout en bout. Ce qui m'intéressererait, c'est de voir ce spectacle "Kontakthof" sur scène (durée 3h). Je sais qu'il tourne en Europe. Bonne journée.
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J
C'est bien dommage que cette Grande Dame de la danse soit maintenant disparue.<br /> Pour ma part je me régalais toujours d'aller la voir dans la Cour d'Honneur du palais des papes en Avignon, mais si je n'étais pas toujours enthousiasmé par toutes ces oeuvres.<br /> Heureusement qu'il y a Arte, seule chaîne à ma connaissance a rediffuser plus ou moins régulièrement les dites oeuvres.<br /> <br /> Bien à vous.<br /> <br /> jf.
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L
Une chose est sûre, je vais aller voir le film de Wenders. Dans le même temps, je recherche des captations des spectacles de Pina Bausch.
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L
Porté par Olivier, je découvre votre billet. Je n'ai pas vu ce film par contre j'ai vu le film Pina <br /> http://lautreje.blogspot.com/2011/04/parce-que-la-danse.html<br /> Je rebondis sur votre révélation. Oui, cet art est central, il relie tous les hommes d'ici et d'ailleurs, d'hier et de demain, car le bercement et la danse sont les premiers mouvements de l'homme dans le ventre de la mère. Merci !
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