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27 avril 2010

La stratègie de l'Elysée pour récupérer les voix d'extrême droite est mauvaise : Nicolas Sarkozy n'a jamais capté cet électorat.

Depuis les élections régionales, on sent comme un vent de panique à l'Elysée. A moins de deux ans de la présidentielle, l'éventuelle réélection de Mr Sarkozy s'annonce très compliquée. D'où la stratégie évidente ces derniers jours de tenter d'aller chercher les électeurs de l'extrême droite. Stratégie qui part d'un constat simple : en 2007, Nicolas Sarkozy a dû son élection au fait qu'il avait attiré sur lui une partie des électeurs de Jean Marie Le Pen en 2002. C'est du moins ce que nous rabâche la classe médiatico politique depuis 3 ans.

C'est pourtant on ne peut plus faux. Certes, il y a bien eu transfert de voies entre les deux candidats. Mais Nicolas Sarkozy n'y ait pour rien, ni sa campagne électorale très populiste, ni son bilan contestable de ministre de l'intérieur. D'ailleurs, pourquoi aurait il réussit là où Charles Pasqua et Philippe de Villiers ont échoué ? Les raisons du relatif recul du FN en 2007 sont ailleurs, et pour les comprendre, il faut se pencher sur la structure de son électorat et sur une analyse des raisons de sa montée en puissance lors des scrutins présidentiels de 1988, 1995 et 2002.

Je distinguerai tout d'abord deux types d'électeurs d'extrême-droited'extrême-droite. En premier, le convaincu, celui qui adhère aux thèses les plus racistes et réactionnaires. On sait depuis Tixier-VignancourtTixier-Vignancourt et Poujade que cet électorat pèse autour de 5 à 6 %. Il est notable de constater que même dans ses scores les plus bas, le FN n'est pas descendu en dessous de cet étiage. Cet électorat est fidèle, il ne bougera pas. Par contre, il existe une seconde catégories d'électeurs, plus importante celle-ci, mais aussi plus volatile. Ce sont les électeurs plus ou moins occasionnels, qui, s'ils adhérent à certaines des idées de Jean-Marie Le Pen, se méfient du côté sulfureux du personnage, et votent essentiellement FN pour envoyer un message à l'ensemble de la classe politique. Il est intéressant de noter que le FN recrute surtout chez les jeunes, les classes populaires et les personnes peu diplômées, c'est à dire les catégories sociales les plus distantes avec la politique.

Les électeurs du parti d'extrême droite sont donc très volages, et probablement plus abstentionnistes que les autres. Tout porte à penser qu'une grande partie de ceux qui ont voté pour Le Pen en 1988, 1995, 2002 ou 2007 ne sont pas les mêmes. Ce qui laisse penser également que les idées du FN ont plus que largement fait leur trou dans la société et que ce parti a encore de la marge.

Au-delà des caractéristiques de l'électorat FN, il faut aussi s'intéresser aux raisons pour lesquelles il se maintient à un haut niveau depuis 25 ans. Pour cela, il faut revenir sur les précédents scrutins présidentiels, et j'y vois au moins 4 raisons :

- L'usure du pouvoir : en 1988, 1995 et 2002, les principaux candidats dépassent peu ou prou la soixantaine et occupent la vie politique depuis près de 30 ans, voire plus pour certains. C'est certes aussi le cas pour Jean-Marie Le Pen, à ceci près qu'il n'a jamais occupé de poste décisionnaire. Il y a donc au fil des années une forte volonté de renouvellement qui est apparue.

- Le rejet croissant de la politique : contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, les difficultés sociales dans ce pays n'ont pas débutées avec la crise économique de 2008. Depuis 30 ans, la France vit avec un taux de chômage élevé, dans le même temps la précarité économique a explosé et toutes les valeurs morales, politique et sociales sont en crise. Depuiscrise.Depuis 30 les Français changent de gouvernement à chaque élection, et jusqu'ici personne n'a trouvé de solution à leurs problèmes. Tout ceci explique un désenchantement certain et une défiance prononcée envers la classe politique, désenchantement qui touche moins le FN que les autres partis, puisqu'il n'a pas participé aux affaires.

- La disparition du clivage droite-gauchedroite-gauche : attention, on ne me fera pas dire ce que je ne pense pas, je crois fermement qu'une politique de gauche, ce n'est pas la même chose qu'une politique de droite. Pour autant, les faits sont têtus, depuis 1983 et le tournant de la rigueur pris par François Mitterrand, la gauche socialiste française a tourné le dos à ses idéaux et choisi d'accompagner le capitalisme. Si on ajoute à cela, l'effondrement du bloc communiste dans le monde, une partie de l'électorat populaire fait face à un vide idéologique. L'apparente similitude entre les différents partis politiques laisse le champ libre à tous les populistes, Jean Marie Le Pen n'étant pas le dernier d'entre eux.

- La présence d'une troisième candidature : à chaque fois qu'il y a eu un candidat capable d'incarner une échappatoire au duel droite gauche, à chaque fois la participation a été importante et Jean-Marie Le Pen est arrivé en 4ème position. Le scrutin de 2002 fait évidemment exception ! De même que l'on remarque qu'excepté 2002, c'est en 1995 qu'il fait son meilleur score, quand le troisième candidat provient lui aussi de la droite et prône la même politique.

Si on regarde à l'aune de ces quatre critères, on s'aperçoit qu'il était évident que le FN allait baisser, du moins en terme électoral, si ce n'est en influence, en 2007.

Pour cette élection, les deux principaux candidats étaient relativement jeunes, et même s'ils occupaient des postes importants en politique, ils ont réussi à apparaître comme neufs, et ce d'autant plus que le candidat le plus âgé était Jean Marie Le Pen. La fin de l'ère très controversée du chiraquismechiraquisme a fait apparaître un regain d'espoir dans la politique. Regain qui fut certes éphémère, mais réel. En outre, malgré toutes les réserves que l'on peut émettre sur le "gauchisme " de Mme Royal, ce sont bien deux visions opposées de la société qui se sont affrontées. Enfin, en venant brouiller les cartes, François Bayrou a permis l'éclosion de ce troisième homme qui a tant manqué en 2002.

On le voit, si tout cela lui a profité, Mr Sarkozy n'est pourtant en rien responsable de la baisse du FN. On pourrait même rajouter une autre raison, spécifique au scrutin de 2007 et qui a profité aux deux principaux candidats : la peur de voir le candidat d'extrême-droited'extrême-droite au second tour, et de se voir ainsi privé d'un classique duel droite-gauchedroite-gauche.

En allant sur le terrain de l'extrême-droitel'extrême-droite, Nicolas Sarkozy commet plusieurs erreurs politiques : d'abord en axant sa politique uniquement sur la sécurité, il avoue de fait son manque de vision économique et social. Ensuite, en reprenant les idées du FN, il n'affaiblit pas ce dernier, mais le renforce. Enfin, et ce n'est pas la moindre, il oublie que Jean-Marie Le Pen va probablement passer la main à sa fille, et que celle-ci bénéficie d'une image plus policée, moins sulfureuse que son père. Nicolas Sarkozy joue donc avec le feu, et est en train de rendre crédible un nouveau hold-up de l'extrême droite lors du premier tour de la présidentielle en 2012.

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