La Révélation de Hans Christian Schmid

24 avril 2010

La Révélation de Hans Christian Schmid

Goran Duric est un ex-général. Soupçonné d'être à l'origine d'un massacre pendant la guerre en Bosnie, il doit être jugé au tribunal international de La Haye. La procureure Hannah Maynard en charge de l'accusation va vite être confrontée à de multiples difficultés, la première étant que son principal témoin, Alen, n'est pas fiable. Pire, il se suicide. Dépitée, Hannah décide de reprendre l'enquête à zéro, et elle s'aperçoit rapidement que Mira, la soeur d'Alen, en sait beaucoup plus qu'elle ne le dit.

Même s'il s'agit d'une fiction, le film fait évidemment référence au procès de Radovan Karadzic qui se déroule en ce moment à La Haye. De même, la procureure Hannah Maynard est un clone de la juge Carla Del Ponte sans laquelle le tribunal de La Haye pour l'ex-Yougoslaviel'ex-Yougoslavie n'existerait pas.

Ce film nous permet de nous replonger dans une des pages les plus sombres de l'histoire européenne. Page qui à l'heure actuelle continue de s'écrire. A ce titre, l'oeuvre de Hans Christian Schmid est primordiale parce qu'elle donne à comprendre le travail de fourmi des juges internationaux, mais aussi et surtout tous les enjeux politiques pour l'Europe et les Balkans qui se cachent derrière un tel procès. On comprend d'ailleurs assez vite que les intérêts politiques y sont plus importants que la justice.

S'il n'y avait que cela, ce film serait déjà inestimable, mais il est bien plus que cela. A partir d'un sujet complexe et fastidieux, Hans Christian Schmid a réussi un construire un véritable polar limpide qui nous tient en haleine de bout en bout. En se focalisant sur le personnage de la juge, il donne un visage à des institutions qui nous apparaissent lointaines et désincarnées. Du même coup, on s'identifie à elle, et ce qui se joue devant cette cour devient aussi vital pour nous que pour elle.

Ce film est un petit bijou de cinéma et de géopolitique. C'est aussi un plaidoyer formidable pour la justice internationale, et une critique du "réalisme politique" de l'Union européenne.