Rapt de Lucas Belvaux
Un riche industriel Français, proche du pouvoir, est enlevé en se rendant à son bureau. Les ravisseurs vont rapidement demander une rançon de 50 millions d'euros, et envoyer un doigt de la victime à la famille afin de bien signifier qu'ils ne plaisantent pas. Ses proches n'ont pas les moyens de payer, tandis que le conseil d'administration de son est réticent pour se porter garant. Rajouté à cela, la police n'a aucune piste et refuse toute négociation. Malheureusement, la presse s'en mêle et se met à fouiller dans la vie privée de ce grand patron, n'oubliant jetant en pâture toutes ses frasques, ses maitresses et ses déboires financiers.
Lucas Belvaux transpose à notre époque l'histoire de l'enlèvement du baron Empain qui avait défrayé la chronique dans les années 70. A partir de ce fait réel, il réussit à faire un magnifique film non pas sur un rapt, mais sur les milieux aisés et sur les médias. Il décrit avec précision les jeux de pouvoir, les ambitions et les haines qui peuplent les milieux d'affaires. Très vite, les scènes avec Yvan Attal en industriel kidnappé deviennent secondaires, et on s'intéresse beaucoup plus aux intrigues de cour.
Tout est magnifique dans ce film, à commencer par la plus scène, celle de sa libération, où seul son chien est vraiment ravi de le revoir, et où on comprend très vite que son calvaire ne fait que commencer.
Belvaux en grand cinéaste qu'il est donne un rythme incroyable à son film, et ce dès le générique (en à peine trois minutes, il réussit à nous faire un résumé quasi exhaustif de la vie de l'industriel, laquelle sera mise sur la place publique). Il a aussi réussi à s'entourer d'une pléiade d'acteurs tous formidables, Yvan Attal bien sur, mais aussi et surtout Anne Consigny, magnifique de sensibilité, sans oublier Gérard Meylan dans un rôle ingrat où l'on ne voit jamais son visage.
Décidément, avec les films de Jacques Audiard et Xavier Gianolli, le cinéma français a enfin décidé de se pencher de nouveau sur la société. Et cela lui réussit plutôt bien.