Privatisations, à qui elles profitent ?
Les 22/09/08, 19/12/08 et 01/08/09, je publiais trois articles ayant trait à la privatisation de La Poste. Ce sont ces articles que je republie aujourd'hui, parce que la menace se précise et que je maintiens absolument tout ce que j'avais écrit alors. Il va sans dire que je soutiens les postiers dans leur lutte (en tant que fils de postier, c'est le moins que je pouvais faire), et que j'encourage chacun et chacune à aller voterlors du référendum organiser par les syndicats et certaines mairies.
Au moment où l'Etat s'apprête à privatiser La Poste (ben oui, parce qu'un changement de statut en langage politique, c'est une privatisation qu'on ne veut pas assumer), il m'a semblé intéressant de revenir sur les autres entreprises privatisées, histoire de voir si elles profitent bien à l'ensemble des usagers, comme on nous le promet à chaque fois.
Commençons par une des plus emblématique : France Télécom. En rachetant Orange, l'entreprise est devenue un mastodonte des Télécoms. Bien cotée en bourse, fortement bénéficiaire, elle est une des préférées des actionnaires. Pourtant, la privatisation, accompagnée de l'ouverture à la concurrence, devait permettre une baisse des tarifs. Peut-être a-t-elle eu lieu, mais ce n'est pas flagrant. Ce qui l'est en revanche, c'est que les tarifs pratiqués en France sont parmi les plus élevés d'Europe, et ce, sans que rien ne le justifie. De même, la privatisation des renseignements téléphoniques ainsi que leur mise en concurrence s'est accompagnée elle, d'une véritable hausse des tarifs et d'une baisse de la qualité des services rendus. Quant aux personnels, on ne compte plus le nombre de centrales téléphoniques transférées au Maroc ou dans les pays ou la main-d'oeuvre est à bas coût.
La Privatisation d'Air France s'est faite en catimini, par le rachat de la société KLM. Il faut bien admettre cependant que cette opération a probablement sauvé l'entreprise. Air France est également une de celles qui survit le mieux à la crise,et même si elle annonce pour bientôt un plan social, celui-ci semble négocié et accepté par les syndicats.
L'affaire est tout autre à GDF. Si le processus de privatisation a été le même que pour Air France, c'est à dire une alliance avec Suez, dont les actionnaires n'ont eu qu'à se réjouir vu la santé florissante de l'entreprise gazière, le moins que l'on puisse dire, c'est que les clients de GDF ont eux reçus la facture. S'il reste moins cher que les autres énergies, le gaz a toutefois vu ses tarifs s'envoler ces dernières années.
En parlant d'énergie, l'ouverture du capital d'EDF est intéressante. Celle-ci s'est faite, soi-disant pour permettre au groupe électrique de trouver les capitaux pour financer les investissements nécessaires pour demain. Et que voit-on ? Un PDG qui demande une augmentation faramineuse des tarifs, au nom même de ces investissements. Et pendant ce temps, l'entreprise investit à tout va à l'étranger, les syndicats dénoncent un parc de centrales nucléaires de plus en plus vétustes, et les habitants des zones rurales n'ont aucune garantie d'avoir la même qualité de services dans les années qui viennent.
Renault, ah Renault. L'entreprise symbole des luttes ouvrières par excellence. Depuis sa privatisation, elle se porte très bien, même si avec la crise elle connaît, comme toute l'industrie automobile, un passage difficile. Enfin, difficile surtout pour les entreprises sous-traitante et pour les ouvriers, car je n'ai pas entendu que les salaires des patrons et les revenus des actionnaires avaient diminués. Par contre, ce qui diminue aujourd'hui, c'est le nombre de véhicules fabriqués par Renault sur le sol Français. Plus de la moitié des voitures de la marque sont désormais construites à l'étranger. Et ces derniers mois, la délocalisation de l'emploi s'est renforcée.
Je terminerai ce rapide et incomplet tour d'horizon par les sociétés autoroutières. Privatisées contre toute logique économique, ces sociétés font aujourd'hui de très gros bénéfices. Pourtant dans le même temps l'augmentation des tarifs est exponentielle. Si c'est bien le contribuable qui a financé les infrastructures, aujourd'hui, ce sont des entreprises à caractère privés qui en touche les dividendes, alors même qu'elles n'ont pas contribuées à la construction des routes qu'elles exploitent.
Je n'ai pris ici que quelques exemples, mais on pourrait les multiplier (Total, les banques, etc.). Dans la plupart des cas, les nouveaux propriétaires et leurs actionnaires ont fait de juteux bénéfices. Par contre, ont voit souvent mal où est le gain pour le citoyen lambda. On comprend mieux qui a intérêt à ce que l'on privatise La Poste.