Pourquoi le début de l'année 2009 pourrait-être chaud ?
Les émeutes en Grèce, et surtout les raisons de ces émeutes ont ravivé les craintes un peu partout en Europe d'un début d'année mouvementé sur le front social. Cette inquiétude est particulièrement vivace en France où la possibilité de manifestations violentes d'une partie de la jeunesse est une réalité. Les raisons de penser que le mois de janvier est celui de tous les dangers pour le gouvernement Sarkozy sont nombreuses.
Le malaise est grand chez les lycéens et les étudiants qui à l'instar de leurs enseignants sont vent debout contre les réformes Darcos. Mais, cette colère légitime est en plus alimentée par le mépris affiché du ministre, par sa fermeture au dialogue, et surtout par l'utilisation systématique de la force face aux manifestations. Cette stratégie, loin de décourager agit beaucoup plus comme un effet mobilisateur.
Cependant, des manifestations lycéennes et étudiantes, la France est habituée, cela ne suffit pas à craindre un embrasement équivalent à celui de la Grèce. Il y a aussi le contexte actuel qui joue énormément. Les jeunes sont les premières victimes de la crise économique. Beaucoup sont encouragés à faire des études qui demain ne leur serviront à rien. La génération qui arrive sera la première à être moins bien lotie que la précédente. Cela crée évidemment beaucoup d'angoisse, voire de désespoir. A cela, il faut rajouter le profond sentiment d'injustice face à la gestion de la crise par les dirigeants du monde entier, capables de débloquer en quelques heures des milliards pour sauver les banques ou les grosses entreprises, mais qui ne bougent pas devant la montée de la pauvreté.
Si au moins il y avait un débouché politique, la colère pourrait être canalisée, un espoir pourrait se faire jour. Mais ce n'est pas le cas, face à une un pouvoir arrogant, qui multiplie les réformes injustes, il n'y a qu'un grand vide idéologique. L'opposition française n'a rien à proposer en échange, quant aux syndicats, s'ils sont encore capables de mobiliser dans la fonction publique, il n'exercent plus aucune influence sur les autres catégories de population. Face à ce vide, la violence est la seule issue, le seule moyen d'expression efficace qui reste utilisable pour de nombreux jeunes.
Pour finir, l'élection de 2007 a accouchée d'une France coupée en deux, avec d'un côté, les classes aisées, les personnes âgées et les ruraux qui votent franchement à droite, tandis que les jeunes, la population active et les urbains ont voté à gauche, voire extrême-gauche pour les premiers. Nous avons un pays schizophrène qui a peur de sa jeunesse. Celle-ci risque tôt ou tard de se rebeller.
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