Comprendre ce qui se passe en Grèce.
La mort d'un jeune de 15 ans samedi dernier, tué par la police lors d'échauffourées, a emflammé la capitale grecque. Désormais les violences ne font que s'étendre puisque toutes les grandes villes sont touchées, même les iles réputées plus calmes. Evidemment, ce n'est pas la mort de ce jeune homme qui provoque cette soudaine explosion. Tout cela n'est que le fruit d'un malaise profond de la société grecque.
En premier lieu, la Grèce est un des pays les plus pauvres de l'Union européenne, qui n'a pas bénéficié comme l'Irlande d'un boum économique. Le pays continue de payer les Jeux Olympiques d'Athènes en 2004, et l'économie est en chute libre, en récession depuis plusieurs mois.
Dans ce contexte économique difficile, la droite libérale au pouvoir mène une politique de régression sociale très impopulaire : réforme des retraites, privatisations, le tout accompagné d'une forte baisse du pouvoir d'achat. Si on rajoute à cela de forts soupçons de corruption sur des membres du gouvernement, ainsi que le souvenir cuisant de l'impuissance du pouvoir lors des incendies meurtriers de l'été 2006, on comprend qu'il suffise d'une étincelle pour embraser le pays. Mais ce n'est pas tout, l'opposition socialiste qui a gouverné pendant 10 ans jusqu'en 2004, est en pleine reconstruction, et en Grèce comme ailleurs, à la recherche d'un programme.
Cependant, la différence des émeutes grecques avec celles qu'à connu la France à l'automne 2005, est que celles-ci sont parties des quartiers universitaires où réside une jeunesse très fortement touchée par le chomage, mais surtout très politisée. Les groupes anarchistes ont une réelle influence dans les universités grecques. Malgré tout, c'est la colère sociale et l'extension de la révolte a l'ensemble de la société grecque que craint le gouvernement. Il faut dire que les manifestations violentes des jeunes sont loin d'être impopulaires.
Une jeunesse mal en point, des réformes impopulaires, une opposition inexistante, une crise économique et sociale de grande ampleur, un pouvoir corrompu et coupé des préoccupations quotidiennes, toute ressemblance totale ou partielle avec d'autres pays européens est donc à méditer.