Le redécoupage électoral en question.
Alain Marleix, le secrétaire d'état aux collectivités territoriales est notamment chargé de mettre en place le futur découpage électoral. Alors évidemment, l'opposition pousse des cris d'orfraie, dénonçant le charcutage. Mais si on ne peut qu'être d'accord avec l'UMP (pour une fois), il est nécessaire de revoir la carte électorale, pour l'adapter aux nouvelles réalités démographiques, on peut effectivement s'interroger, sachant que le dernier découpage datant de 1986 et sous l'égide de Charles Pasqua n'était pas exempt de tout reproche, surtout celui de favoriser la droite ; et le fait qu'Alain Marleix était alors le conseiller du ministre, et qu'il soit aujourd'hui le responsable des élections au sein de l'UMP ne peut que renforcer les doutes quant à l'impartialité du futur découpage.
Cependant, ce n'est pas ce qui m'irrite, je préfère attendre de voir ce qu'il en sera réellement avant de critiquer a priori. Non, derrière cette modification des circonscriptions, il est une mesure beaucoup plus injuste et gênante, celle qui consisterait à réserver entre 10 et 12 postes de députés aux Français de l'étranger.
Outre le fait qu'il y a déjà des postes de sénateurs qui leurs sont réservés, et qu'ils sont donc de fait représentés au parlement, cette mesure est bien une volonté déguisée de contourner le vote populaire, puis que chacun sait que les Français de l'étranger votent massivement à droite. Cela deviendrait donc fatalement encore plus difficile pour la gauche de conquérir la majorité à l'Assemblée Nationale (sachant que le mode de scrutin actuel fait qu'il lui est impossible de gagner le Sénat).
Mais c'est d'un point de vue moral que cette décision est choquante. Pourquoi des personnes qui ont fait le choix de ne plus vivre sur le territoire national, de ne plus y payer d'impôts (c'est parfois d'ailleurs la raison de leur départ), devraient avoir plus de représentants et par là-même influer sur la politique de ce pays, alors même que d'autres, parce qu'ils ne possédent pas la nationalité française, tout en vivant ici, en payant des impôts, en étant des acteurs de la société, en subissant la politique locale, ceux là donc n'ont pas le droit de vote et aucun accès à la représentation nationale.
Donner 10 à 12 députés aux Français de l'étranger, c'est donner encore plus de pouvoir à toutes ces grandes fortunes qui sont tellement peu patriotes qu'elles préfèrent s'exiler fiscalement en Suisse, en Belgique ou à Monaco pour échapper à la nécessaire solidarité nationale ; Et c'est surtout renvoyer un camouflet supplémentaire à tous ces immigrés installés depuis longtemps en France, sans que le pays ne leur ait jamais donné de droits.