A Agde ou ailleurs, les actes racistes vont se multiplier.
Cela fait des années que cela dure. Hier, c'était à Agde, avant il y a eu les profanations de cimetières alsaciens, les saccages mosquée, que sais-je encore. Il n'y a pas si longtemps, c'est toute une nation qui se serait mise au diapason pour dénoncer ces actes, dire sa répulsion et sa haine du racisme et de l'antisémitisme. Aujourd'hui, Cela dure quelques heures, le temps pour un ministre de faire quelques déclarations (souvent sincères) exprimant son indignation, et puis, on passe à autre chose. Les tags racistes et autres dégradations de ce genre se sont à ce point banalisées qu'elles ne font plus débat. Tout juste parle-t-on de retrouver et punir leurs auteurs. Il n'est absolument pas question de réfléchir aux raisons de leur multiplication.
Pourtant cette réflexion s'impose si on veut continuer à pouvoir vivre sereinement dans un pays où chacun se respecte. Mais elle n'est pas menée, ce qui n'est pas étonnant dans un pays qui a toujours eu du mal à se regarder en face, à se confronter avec sa propre histoire.
Le Front National dans les années 80 a donné une vitrine politique à ce racisme latent dans notre société. Il n'est pas arrivé subitement, par hasard, non, il était principalement le fruit de deux choses : le non-règlementnon-règlement des conflits et des blessures du passé (comme la guerre d'Algérie ou la collaboration), et la dégradation socio-économique, terreau bien connu de la montée des intolérances.
Mais aujourd'hui, à l'heure où le Front National reflue électoralement, où la plupart des citoyens n'ont pas connu les pages les plus dramatiques de notre histoire récente, ces explications ne peuvent plus suffire. C'est du côté d'un certain discours et d'une certaine politique qu'il faut trouver les nouvelles causes de la persistance du racisme. On les trouve dans une politique qui oppose en permanence les uns aux autres, les fonctionnaires aux salariés du privé, les chômeurs aux actifs, les classes moyennes aux pauvres (RSA). On les trouve dans toutes ces mesures qui depuis des années (la gauche n'est pas exempte de responsabilités), et surtout depuis un an ont renforcé les inégalités, la précarité, effacées les repères collectifs. On les trouve enfin et surtout dans la stigmatisation de la population immigrée, dans la banalisation des charters, dans la chasse aux sans-papierssans-papiers jusque dans les écoles, dans le maintien de populations en dehors de la République et de ses grandes institutions en raison de leurs origines.
Alors, il est facile pour un ministre ou un président de se gorger de grandes phrases sur le respect de l'autre, sur l'horreur que leur provoque des actes ignobles. Il serait maintenant temps de passer aux actes, de mener des vraies politiques allant vers plus d'égalité ou de solidarité, de pratiquer une politique éducative et culturelle qui ne soit plus l'otage des contingences économiques. Il serait temps que tous, politiques, associations, syndicats, citoyens, entreprises, on s'arrête et essaie de comprendre comment on peut essayer de vivre tous ensemble dans le respect de nos différences.