Les politiques ont capitulé devant le pouvoir médiatique.
Pendant la campagne électorale des élections présidentielles, la mainmise de certains grands groupes sur la quasi totalité des grands médias avait fait débat. Il faut d'ailleurs rendre hommage à François Bayrou qui le premier c'était insurgé contre cette situation.
Essayons d'imaginer un pays où les plus grandes fortunes posséderaient aussi les moyens d'information, un pays où la plupart des patrons de presse seraient des proches du pouvoir, un pays où le premier marchand d'armes serait aussi le propriétaire du premier journal d'information, un pays où la principale chaîne de télé appartient à un entrepreneur du BTP travaillant essentiellement avec les marchés publics, un pays où quelles que soient les radios où les télés que l'on prennent, les plages d'information ont le même contenu, la même ligne éditoriale, la même saveur fade. Eh bien n'imaginez plus, ce pays existe, c'est la France.
Certes, en apparence, la presse est libre. Mais en apparenceseulement. Le meilleur exemple que l'on puisse donner est celui de la Chine. Le passage de la flamme à Paris avait permis aux partisans du boycott des Jeux Olympiques de se faire entendre. Depuis, il n'y a plus rien, la parole n'est plus donnée à ces Français qui ne veulent pas que leur pays cautionne une des plus grande dictature de la planète, une forte majorité si on en croit les sondages. Il faut dire que les enjeux économiques sont énormes. Or, parmi les grandes entreprises impliquées en Chine, on trouve celles qui possédent des télévisions, des radios ou bien des journaux. Et comme les mêmes patrons sont également souvent des proches du pouvoir, le résultat est attendu : silence médiatique pour les opposants et rabibochage politique avec la Chine.
Ce n'est donc pas du côté de la majorité qu'il faut attendre une quelconque critique sur la situation de monopole des grands groupes de presse. Mais du côté de l'opposition, on n'entend rien non plus. A peine entend-on les caciques du PS jouer les vierges effarouchées parce que le temps de parole du président n'est pas décompté, ou parce qu'ils s'estiment maltraités par telles ou telles émissions. Mais sur la collusion entre les pouvoirs médiatiques, économiques et politiques ? Rien, désespérément rien. Peut-être faut-il trouver une explication du fait que les hommes et femmes politiques de droite comme de gauche, fréquentent souvent les mêmes écoles que les journalistes, sont souvent issus des mêmes milieux sociaux, bref, sont du même sérail.
Oui, mais me direz-vous, cette gauche-là à capituler depuis longtemps face aux puissances d'argent. Allons donc voir du côté des plus radicaux. Chez Arlette Laguiller, dont l'organisation faisait la fête ce week-end, dans les derniers discours, à ma connaissance, il n'y a rien sur les médias. Pourtant, l'information devrait à mon sens être au centre du combat révolutionnaire. Quant à la LCR, la présence de son leader charismatique chez Drucker est symbolique. Soyons clair, je trouve bien qu'un leader politique amené à jouer un grand rôle puisse ^parler politique dans une émission populaire de grande écoute. Il faut bien aller chercher ses électeurs là où ils se trouvent. Mais, il ne faut pas que le compromis se transforme en compromission, il faut alors profiter d'être dans la place pour rappeler les collusions d'intérêt. Besancenot ne l'a pas fait. Il faut juste espérer que cela ne soit pas symbolique de ce que sera son futur parti politique : une machine à élections sans contenu derrière.
Certes, il y a françois Bayrou me direz-vous. Je reconnais que ses propos de campagne sur le sujet et son attitude ont été particulièrement courageux. J'ai aussi la faiblesse de croire le personnage sincère. Mais faisons quand même quelques observations. Pourquoi n'a-t-il jamais tenu les mêmes propos lorsqu'il était au pouvoir ? Les principales privatisations, les principales autorisations d'émettre se sont faits alors qu'il soutenait la majorité au pouvoir, ou quand lui-même était ministre. Son appartenance jusqu'à il y a peu au conseil d'administration de France-galop (principal organisateur des courses hippiques en France) peut paraître suspect, et faire paraitre ses propos de 2007 pour une simple posture. Il faut dire qu'au même conseil d'administration on y trouve aussi des personnes comme Edouard de Rothschild (principal actionnaire de Libération), Arnaud Lagardère et autres grands patrons.
Je crois fondamentalement que si on veut sinon changer, du moins améliorer profondément la société, le combat de l'information, de sa diversité, de sa qualité et surtout de son indépendance est un des plus importants à mener. Or, sur ce domaine, il faut bien constater que toute la classe politique à renoncer. Seuls quelques philosophes comme Bernard Stiegler, ou quelques journalistes indépendants comme Serge Halimi ou Daniel Mermet ont le courage dénoncer cette imposture. Quelques journaux encore ont décidé de ne pas se taire. Mais pour combien de temps ?