Où va t-on avec l'école ?
Je profite de la rentrée scolaire pour essayer de faire le point sur la situation dans l'Education Nationale, à l'heure où celle-ci s'apprête à subir de plein fouet les politiques d'austérité gouvernementales.
Parce qu'elle s'adresse aux enfants, qu'elle les forme à devenir des citoyens, les prépare à la société, et aussi parce que sous sa forme républicaine elle s'adresse en principe de façon égalitaire à tous, l'école est le point névralgique de notre société. Quand elle va mal, c'est tout l'édifice qui branle.
Or, elle est confronté à un gouvernement qui gère arbitrairement et sans vision d'avenir. Arbitrairement parce que le nombre de suppressions d'emploi dans l'Education Nationale a été décidé pour des raisons budgétaires, sans se soucier des besoins, ni du terrain. Sans vision d'avenir, parce qu'à l'heure où la natalité repart, où les classes maternelles voient de nouveau leur population augmenter (la plupart des écoles refusent désormais les inscriptions à 2 ans, faute de place), supprimer des postes aujourd'hui, c'est organiser la pénurie de demain.
Mais, outre la suppression d'un nombre élevé de postes, il y a d'autres sources d'inquiétude. Mr Sarkozy a rappelé à de nombreuses reprises qu'il faudrait à l'avenir que l'Education Nationale se concentrent en priorité sur les domaines porteurs pour l'économie, qui débouchent sur une formation ou un emploi. Autrement dit, l'école se met complètement au service de l'économie. C'est modifier profondément le pacte républicain qui faisait de l'école un endroit où l'on nous préparait à devenir des citoyens responsables. Elle est loin cette école idéale, basée sur la formation d'un esprit critique nécessaire à toute démocratie.
Aujourd'hui, c'est le pouvoir économique qui dirige, et cela commence à l'école. Mais, en décrétant que celle-ci devait préparer au monde de l'entreprise, on sous-entend que tout le monde ne peut accéder à des postes de responsabilité. On se dirige donc vers une école à deux vitesses, d'excellence pour ceux qui en auront les moyens, d'enseignement de base pour les autres. Cela devrait suffire pour faire tourner l'économie.
Les principaux syndicats d'enseignants ont décidé de s'opposer aux mesures gouvernementales. Ils ont raison, car leur combat n'est pas catégoriel, il concerne l'avenir de notre pays. Espérons seulement que ce ne sera pas un baroud d'honneur.