De la politique spectacle à la démagogie !
Un accident de manège, et hop, réunion de tous les acteurs de la profession au ministère de l'intérieur pour finaliser un accord sur les mesures de sécurité concernant le contrôle des attractions foraines. Un pédophile qui récidive, et hop, on renforce une loi vieille de 15 jours. Une enfant qui décède suite à des morsures d'un chien, et hop, une réunion au ministère et discours velléitaire sur les croisements de chiens dangereux.
On pourrait comme cela, multiplier les exemples d'interventions de ministres (ou du président), suite à des faits divers. Ces réactions systématiques, et ce souci permanent de vouloir répondre par la loi à tous les dangers me paraissent problématiques, et tout du moins soulèvent quelques interrogations.
Tout d'abord, cette frénésie interventionniste paraît avoir pour but de rassurer les Français en matière de sécurité quotidienne. Il me semble que c'est le contraire qui se produit. Tout cela n'aboutit qu'à renforcer le sentiment d'insécurité. En légiférant et en intervenant en permanence sous le coup de l'émotion, le gouvernement donne l'impression de ne pas avoir de vision à long terme. C'est particulièrement vrai dans le cas des pédophiles, où l'intervention de Mr Sarkozy n'a servi qu'à répondre à l'angoisse ponctuelle des Français face à un problème très médiatisé. Mais aucune question de fond n'a été évoquée, ni celle des moyens de la justice, ni celle des soins et de la guérison de ces malades (car c'en est).
Le second problème qui m'interpelle, c'est que tout cela devrait mettre en lumière l'inaction des gouvernements précédents et notamment du ministre de l'intérieur d'alors. En effet, ni les manèges défectueux, ni les pédophiles récidivistes, ni les chiens dangereux ne sont des phénomènes nouveaux. Légiférer encore tient à dire que ce qui a été fait auparavant était soit insuffisant, soit inefficace. Nous devrions au moins avoir droit à une remise en cause des politiques passées. Ce n'est évidemment pas le cas.
Enfin, mais c'est là un sentiment plus large, et la droite n'est pas seule responsable, plusieurs de nos dirigeants nous ont expliqué que dans une économie mondialisée et libérale, l'Etat ne pourrait pas tout, et qu'il fallait s'en remettre au marché et aux entreprises. Par contre, et cela est bien paradoxal, dès qu'il s'agit de faits divers, de sécurité, l'Etat semble omnipotent et capable de répondre à chacune de nos angoisses sécuritaires. Tout se passe en fait comme ci cette suractivité-ci, devait masquer cette inaction-là. Et oui, pendant que l'on parle des chiens dangereux, on ne parle plus des difficultés économiques de notre pays.