Les Etats-Unis sont ils un modèle ?
C'est partout dans la presse ces jours-ci, Mr Sarkozy va avoir droit à un déjeûner (et probablement une photo !), chez les Bush, dans leur résidence familiale. Soyons contents pour notre bien-aimé président, c'est ce qu'il était venu chercher. Et il n'y a aucune objection, bien au contraire, à ce que les chefs d'état de deux pays qui entretiennent des relations amicales se rencontrent, même de façon privée.
Non, ce qui me pose problème, c'est cette fascination avouée et assumée de Monsieur Sarkozy pour les Etats-unis. Soyons clair, il a tout à fait le droit d'aimer ce pays, qui reconnaissons-le, par bien des aspects nous attire, nous étonne, et nous effraie aussi. Il a également le droit d'apprécier la compagnie de Mr Bush (après tout, on a les amis que l'on peut), même si je pense que l'on peut avoir à l'égard de cette personne une méfiance importante vu les conséquences de politique étrangère. Mais je pense Mr Sarkozy suffisamment intelligent et soucieux de son image auprès de l'opinion publique française, pour ne pas dépasser certaines limites en matière de soutien à l'action américaine, notamment au Moyen-Orient (mais peut-être suis-je là un peu naïf).
Non, ce qui m'inquiète, c'est cette fascination pour le modèle politique et économique américain, et cette envie maintes fois répétée de s'inspirer pour la France de ce qui se fait là-bas. Certes, les Etats-Unis sont un pays prospère, riche, puissant économiquement et militairement, et sans son aval, peu de choses sont possibles sur cette planète.
Mais doit-on réellement s'inspirer d'un modèle qui prône l'argent roi, l'individualisme et le communautarisme. Un pays, où s'il est peut-être possible pour certains de s'élever dans la société (le fameux rêve américain), une partie non négligeable de la population, souvent issue des minorités, reste sous le seuil de pauvreté, parfois dans le mépris des autorités (souvenez-vous de l'ouragan Katrina). Un pays où malgré les lois imposant la discrimination positive (que Mr Sarkozy voudrait d'ailleurs instaurer), les blancs, les noirs, les juifs, les latinos, et autres, ont chacun leurs quartiers, leurs écoles, et la plupart du temps ne se fréquentent pas. Un pays où la protection sociale des travailleurs est moindre par rapport à la notre. Un pays où la violence est quotidienne et le nombre de morts violentes un des plus élevé au monde (voir le film de Michael Moore bowling for Columbine) Un pays enfin, où le président élu est fortement soupconné d'avoir triché lors des élections, et où le vainqueur peut ne pas être celui qui a eu le plus de voix.
Je ne suis pas s^r que les Français veuillent vraiment de ce pays-là comme modèle. S'il est vrai que chez nous aussi les valeurs individualistes ont progressé, que l'argent tient de plus en plus d'importance au sein de la société, je ne crois pas cependant que les plus fragiles de nos compatriotes aient intérêt à ce qu'on aille beaucoup plus loin dans la copie du modèle américain.