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13 juin 2007

Non à la TVA sociale ! (2)

Je pense qu'il est faux de considérer que les entreprises agissent par philantropie, et qu'elles ne répercutent pas les hausses de la TVA sur leurs prix. Si certaines pratiquent la modération, d'autres augmentent bel et bien leurs tarifs, et jusqu'ici, lorsque la TVA a monté, il n'y a en tout cas jamais eu de baisse (rappelez-vous 1995 et le gouvernement Juppé). En effet, cette hausse représentent pour les entrepreneurs un manque à gagner très important que ne compensera pas la baisse des charges sociales puisque celle-ci se traduira par une hausse des salaires due aux heures supplémentaires, or, ce manque, il n'y a que deux façons de le compenser, soit par la baisse ou la stagnation des salaires (hors heures supplémentaires), soit par la hausses des prix et tarifs payés par les consommateurs, c'est à dire tout le monde.

Je vais prendre quelques exemples, lorsque l'Etat a augmenté les taxes sur le tabac, les firmes du secteur ont tout de suite répercuté la hausse. Quand le taux de TVA sur la restauration rapide est passé de 5.5 % à 19.5 %, les prix n'ont certes pas bougé, mais c'est en maintenant le personnel dans des conditions de précarité extrême. On peut expliquer et démontrer de façon théorique que la TVA sociale peut fonctionner, et à terme, s'avérer une bonne solution, j'avoue même que sous certains aspects l'idée paraît séduisante sur le papier, mais le problème est que jusqu'ici la théorie n'a pas résisté à l'épreuve des faits.

Je vais prendre un autre exemple, celui de l'Allemagne, dont on parle beaucoup puisqu'elle a instauré elle aussi une TVA sociale, avec succés semble-t-il. Mais la situation allemande est très différente, car s'ils ont bien procédé à une augmentation, l'argent récolté est affecté à la diminution de la dette et non pas à une compensation de baisses de charges sociales. En outre, il faut rappeler que le taux allemand était beaucoup plus bas que le taux français (qui est un des plus élevé en Europe) et l'augmentation n'a été que de 3 % contre 5 % apparemment envisagés en France.

De plus, contrairement à l'hexagone, l'Allemagne est un pays fortement exportateur, avec un secteur de l'industrie encore très puissant, tandis que la France fabrique de moins en moins de produits manufacturés sur son sol et importe donc de plus en plus. Avec la TVA sociale, les produits exportés vont baisser et les produits importés augmenter. C'est ce que confirme Mr Xavier Timbaud, directeur du département analyse et prévision de l'OFCE, sur le site du Monde cet après-midi, puisque pour lui, avec la TVA sociale le consommateur "va payer plus cher les produits importés pour favoriser la compétitivité des entreprises". Il y aura donc bien une augmentation des prix, qui sera supportée plus durement par les classes sociales défavorisées. Sans compter que l'efficacité de la lutte contre la délocalisation n'est pas prouvée.

Enfin pour sortir des considérations purement économiques, j'aimerais parler un peu plus des idées et de la philosophie de l'action politique. En effet, je trouve que l'on parle beaucoup des entreprises, de chiffre d'affaires, de charges, mais pas assez des gens. Or, à preuve du contraire, ce sont bien les personnes physiques qui votent et pas encore les personnes morales. A quand une politique qui cessera d'être basée sur l'économie et qui remettra l'Homme au centre ? Quand va-t-on se poser la question du rôle du politique, n'est-il là que pour aider les entreprises ? Le but de la vie est-il de gagner toujours plus d'argent, ou de tous gagner suffisamment pour tous vivre correctement ? Faut-il encourager constamment une politique basée sur la consommation sachant toutes les conséquences que cela a sur l'environnement ?

C'est notre façon de penser le vivre-ensemble qu'il faut revoir, et pas seulement la TVA.

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Commentaires
L
Tout d'abord, merci pour vos réponses complètes et toujours courtoises.<br /> Par rapport à la situation allemande, je suis bien d'accord avec vous qu'il est difficile de comparer avec la France, les allemands ayant augmenté la TVA dans un contexte économique très différentet qui s'y prétait mieux. Cependant, je remarque que ce sontles membres de la majorité eux-mêmes (Mrs Jégo et Copé hier)qui font cette comparaison, j'y vois comme un manque de sincérité.<br /> Sur l'inflation, je répondrais deux choses, la première est que la dernière hausse de la TVA a été faite par Alain Juppé juste après son arrivée à Matignon dans un contexte de reprise économique, et cela a eu pour conséquence directe de mettre fin à l'état de grâce de Juppé, ainsi qu'à la croissance. La deuxième est que les interventions de Mrs Fillon et Sarkozy disant qu'ils s'assureront que l'augmentation ne provoquera pas d'inflation avant d'en prendre la décision (mais là, franchement j'aimerais bien que l'on me dise comment ils vont s'en assurer), ces interventions donc, prouvent selon moi, qu'il y aura bien inflation (sinon pourquoi intervenir ?). En outre, il y a un facteur qui est complètement négligé dans cette affaire, et qui s'est avéré déterminant à l'époque d'Alain Juppé, c'est, tout autant que les conséquences économiques, les conséquences psychologiques sur toute une partie de la population de l'annonce d'une hausse. Même en admettant qu'il n'y aura pas d'inflation, quand vous avez un petit revenu et que vous entendez parler de hausse de la TVA, vous avez tendance, même inconsciemment, de réduire votre train de vie.<br /> Sur l'augmentation des produits importés pour lutter contre les délocalisations, je vous propose de prendre un exemple. Vous prenez une chemise fabriquée en Chine, et une autre en France, même en répercutant les 5 % de TVA supplémentaires sur la chemise chinoise, il sera toujours plus rentable de la fabriquer là-bas. Conclusion, les entreprises continueront à délocaliser, et vous paierez votre chemise plus cher.<br /> Enfin, j'ai eu l'occasion d'avoir des responsabilités syndicales, et de faire du conseil aux salariés, je peux vous dire que ce n'était que des personnes qui venait pour des salaires impayés, heures supplèmentaires impayées, conventions professionnelles non respectées, j'ai même vu des personnes que l'on ne payait plus, alors même que l'entreprise n'était pas en difficulté. Alors, je veux bien que l'on me dise que les entreprises joueront le jeu sur les heures supplèmentaires et sur la non augmentation de leurs tarifs si elles n'y sont pas contraintes, je n'y crois pas une seconde.
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Z
Je reviens sur la structure des charges pour les entreprises.<br /> Il est difficile de comparer les situations allemandes et françaises en détail. Il faudrait aussi comparer le taux danois.<br /> Vous dites "cette hausse représentent pour les entrepreneurs un manque à gagner très important que ne compensera pas la baisse des charges sociales puisque celle-ci se traduira par une hausse des salaires due aux heures supplémentaires". Là, vous faites erreur. On pourra considérer ces hausses de salaires comme charges variables, directement liées à la croissance de l'activité. L'entreprise ne recourt aux heures supplémentaires que si elle vend la production qui en découle. Si le taux de charges est plus faible (moins de charges patronales), le coût de production sera plus faible, et ce sera un gain, et non un manque à gagner.<br /> Effectivement l'Allemagne a une structure d'entreprises plus indutrielles qu'en France. C'est fortement dû au coût du travail en France, bien plus élevé qu'en Allemagne à cause des charges sociales, dans une concurrence mondiale forte. L'écueil de la TVA sociale en France serait là, les entreprises de service ont un coût salarial proportionnellement plus faible. Mais faut-il renoncer à rendre les emplois français compétitifs pour une idéologie ?<br /> L'Allemagne est un pays exportateur, mais sa balance commerciale n'est excédentaire que depuis qu'elle a augmenté son taux de TVA. Et l'excédent commercial, c'est l'enrichissement d'une nation.<br /> Parallèlement, le Danemark a un taux de TVA très élevé pour financer une solidarité nationale, et n'en a pas moins un niveau de vie très élevé.<br /> Qu'une inflation soit prévisible, c'est évident, mais elle ne le sera peut-être pas tant que vous le croyez, les entreprises françaises étant extrêment compétitives, et libérées de certains carcans, je parierai sur un stagnation des prix pour bien des produits. Mais, effectivement il n'y aura pas de règle générale.<br /> Votre analogie au prix du tabac est faussée par le fait que les taxes représentent 80 % du prix de vente, et que les marges ne sont pas extensibles à l'infini. C'est un secteur particulier. Les marques de tabac ont essayé quelques stratégèmes en modifiant le conditionnement pour maintenir le prix de vente au paquet, mais elles se sont fait rappeler à l'ordre par le gouvernement.<br /> Les prix des produits importés vont augmenter ? Oui, c'est le but. Ne vaut-il pas mieux favoriser les produits français, donc les emplois français ? Les produits importés ne rapportent pas de cotisations sociales, or c'est bel et bien l'enjeu. Les entreprises étrangères ne cotisent pas et c'est au détriment de nos emplois, et de nos cotisations.<br /> Je reviens à votre idée de remettre l'Homme au centre du débat et de la politique. Je crains que ce ne soit qu'un discours et pas une réalité. La France ne peut pas se permettre de jouer dans une bulle quand le reste de la planète fait mieux et s'en satisfait pour les pays les plus développés, et que les pays les moins développés ne rêvent que d'en faire autant. De tout temps, une économie de marché développée a été synonyme de développement de la démocratie, des libertés, et du niveau de vie, sauf en France où l'on continue de montrer du doigt les entreprises. Enfin, si l'on permet aux gens de gagner mieux leur vie, aux entreprises de mieux de développer, d'entrer enfin dans un cercle plus vertueux (ce qui ne signifie pas idyllique), l'Homme reviendra au coeur de débat. L'économie n'est qu'une lecture de la vie, elle n'est pas la vie. L'économie est faite par les Hommes.
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L
et contrairement à ce qui avait été annoncé par de nombreux économistes, l'INSEE allemand vient de publier des chiffres montrant que l'inflation a plus augmenté que prévu. Augmenter la TVA fait donc bien monter les prix.
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V
D'aprés un sondage, il semblerai que plus de 70 % des allemands regrettent la TVA social...
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G
Certes... Et pourquoi déresponsabiliser l'entreprise en transférant les charges sur le consommateur ou l'Etat, et pourquoi ne pas imaginer des échanges basés sur autre chose que la monnaie, et... Ouais, faut arrêter de rêver !
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