Il faut revenir à la planification

La Planification, qu'est-ce que c'est ? C'est un processus qui permet de définir des objectifs économiques ou industriels et de mettre les moyens nécessaires à leur réalisation. Le régime soviétique avait fait de la planification économique le coeur de son action, ce qui lui avait permis de développer son industrie.

Cependant, on aurait tort d'associer planification et communisme. Cet outil économique a aussi été utilisé en Europe de l'Ouest et particulièrement en France. C'est le général de Gaulle (eh oui !) qui en 1946 a créé le Commissariat au plan dont le premier directeur fut Jean Monnet. Cet organisme a existé avec plus ou moins de prérogatives jusqu'en 2005. Autrement dit, depuis la guerre et jusqu'en 1993 (date du dernier plan quinquennal) tous les gouvernements, de droite comme de gauche, ont fait de la planification. Le plan avait un intérêt stratégique fort et permettait d'avoir une vision claire des réalités économiques. C'est grâce au plan notamment (et au plan Marshall) que la France a pu rebatir son industrie lourde après la guerre.

Bon, mais pourquoi reparler de planification maintenant ? Tout simplement parce que l'idée revient au goût du jour. C'est le Président de la République qui a lui-même évoqué l'idée d'un retour à la planification lors de son discours du 13 avril. Je sais bien ce qu'il faut penser de la parole présidentielle. Ces trois dernières années ont montré à quel point le fossé entre les paroles et les actes était béant, mais là où c'est intéressant, c'est qu'il n'est pas seul à en parler. Je passe sur la France Insoumise qui a mis la planification, notamment en matière écologique, au coeur de son programme. Non, c'est à droite, chez Les Républicains que les choses bougent. Certains dirigeants importants, comme le secrètaire général Aurèlien Pradié (le numéro 2 du parti), l'évoquent ouvertement (Pour plus de détail sur tout ça lire : Pour vaincre le coronavirus, vers le grand retour de la planification?). Cela est loin d'être anodin et signifie qu'une partie de la droite s'éloigne enfin des idées néo-libérales qui sont les siennes depuis 20 ans au moins, pour revenir à des positions gaullistes, c'est à dire un état fort et interventionniste sur la machine économique.

Le simple fait que l'on reparle de planification est un grand progrès. Il est probable qu'avec cet outil nous n'aurions pas connu de pénurie de masques, de respirateurs ou de tests. Surtout, dans la situation économique cauchemardesque qui va être la notre dans les années qui vont venir, l'important va être d'assurer notre indépendance industrielle, sanitaire et alimentaire. Pour cela, il va nous falloir relocaliser les moyens de production. C'est indispensable, mais cela risque de coûter cher et ne pourra se faire sans l'intervention de l'Etat. Il faudra donc planifier !