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28 mars 2012

Rouge dans la brume de Gérard Mordillat

En l'espace de quelques heures, c'est toute la vie de Carvin qui bascule. Sa femme lui annonce son intention de demander le divorce, et une lettre l'informe de son licenciement parce que sa boîte va fermer pour être délocalisée en Serbie. Parce qu'il ne peut mener deux conflits si importants en même temps, il en choisit un, celui de défendre son emploi avec ses collègues. Ce qu'il ne sait pas, c'est que cette bataille sera celle de sa vie, une véritable guerre non pas pour l'emploi ou pour des primes, mais contre un système économique qui broie les individus, une guerre pour un monde meilleur.

Vous l'aurez compris, il y a enfin un écrivain français de talent qui ose se confronter directement avec la réalité économique et sociale. "Rouge dans le brume" est un grand roman politique digne de Zola, ou plus encore du trop méconnu Darien. 

Non seulement Mordillat décrit la lutte ouvrière, mais surtout il nous fait comprendre les interrogations, les peurs, les doutes qui touchent ce monde ouvrier au moment où il est attaqué de toutes parts. Alors qu'en face, le camp des patrons est décrit presque systématiquement de façon cynique et froide, pour Mordillat, la vie, l'humanité est clairement du côté de ces petites gens.

Si ce livre était sorti il y a 4 ou 5 ans, on aurait dit qu'il était manichéen, caricatural, bref sans intérêt. Sauf, qu'il en sort en 2012, en pleine crise économique et résonne parfaitement avec son époque. Ce que vivent Carvin et les autres employés de la Méka n'est rien d'autre qu'un condensé de ce qui a fait la une des rubriques sociales de nos journaux : on peut sans problème reconnaître les Conti, les Caterpillar,et tant d'autres qui se sont battu chacun de leurs côtés.

Justement, et c'est en cela que ce roman est éminemment politique. Carvin et ses collègues ne se contentent pas de se battre pour eux, ils sont décidés à aller jusqy'au et à relier toutes les luttes partout dans le pays entre elles, parce que s'il s'agit de milieux et de métiers différents, ce ne sont que différentes facettes d'une même guerre contre le capitalisme. Mordillat, envoie un message clair et limpide, il ne peut y avoir de salut que dans l'unité des travailleurs et dans la jonction des luttes.

Ce roman fait du bien, on est pris par le courage de ces ouvriers en lutte, parce que Mordillat les aime, les connaît, les respecte et surtout sait transmettre cela. Alors certes, on peut regretter quelques conjonctures amoureuses qui nous éloignent parfois du récit principal, mais au final ce qui reste, c'est une formidable envie d'en découdre.

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Commentaires
L
J'attends avec impatience vos avis.
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D
Je note les références, merci pour le conseil.
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L
et nous on aime Mordillat ! Amitiés
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U
Tu fais chier. J'ai déjà tout un stock de livres en retard. Et tu viens m'en rajouter encore un sur la montagne à lire. Avec les conneries des blogcheviks qui m'ont fait "monter" à Paris (bon d'accord, c'était super sympa de se rencontrer), j'avance pas dans ma lecture de Insaisissable, la bio de Traven parue chez L'Insomniaque...
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