Le fiasco de l'equipe de France de football : une excellente synthèse de la crise morale de notre pays.
Je sais, il ne s'agit que d'un jeu, et ça ne devrait rester que cela. Pour autant, force est de reconnaître que le football occupe une place importante, si importante qu'on ne peut pas ne pas faire un lien entre les errements de notre équipe nationale et ce qui se passe dans notre pays à tous les niveaux, mais surtout en politique.
Il est facile d'incriminer les joueurs ou l'entraîneur, mais le mal est bien plus profond. C'est un système de fonctionnement qui est en cause. Un système, les hommes qui le font, mais aussi la société dans laquelle il s'inscrit, la nôtre, celle des médias tout puissants, celle du fric, celle de l'absence de valeurs morales.
On peut toujours crier sur Raymond Domenech, sur ses lacunes footballistique sur son manque de compétence, mais qui l'a nommé ? Et surtout, qui l'a maintenu ? Ceux-là après la coupe du monde vont rester à leurs places. Pourtant, ces dirigeants de la Fédération Française de Football, puisque c'est d'eux qu'il s'agit, ceux-là ont fait leur temps. Ils sont pour la plupart d'entre eux inamovibles depuis longtemps, ont largement dépassé la soixantaine, et surtout, n'ont aucunement l'intention de partir, la place doit être bonne.
Evidemment, les attitudes de certains joueurs sont choquantes, et je ne parle pas ici des affaires judiciaires. Non, je reste sur le terrain de football et les vestiaires. Il est honteux qu'un joueur insulte copieusement son entraîneur juste parce qu'il lui donne des consignes qui lui déplaise, il est honteux qu'un ou des joueurs ostracisent un autre juste par ce qu'il leur fait de l'ombre. Il s'agit d'un sport collectif rappelons-le ! Que l'on décrie tout ceci, je suis d'accord, mais alors, que l'on se pose aussi les autres questions, les vraies, celle qui sont à la source de tous ces problèmes : Qui à fait de ces joueurs des rois ? Pourquoi les a-t-on coupés dès leur adolescence du reste du monde pour les faire vivre dans un vase clos ? Pourquoi donne-t-on des millions à des jeunes qui n'ont encore rien prouvé ? Oui, les propos d'Anelka, l'attitude de Ribéry, le doigt d'honneur de Gallas, tout cela est répugnant, mais cela l'est surtout parce que c'est le reflet de la société dans laquelle nous vivons, une société où l'argent est magnifié, où la solidarité disparaît, une société qui se délite et qui est pourtant défendue et voulue par ceux qui la dirigent.
Il ne faudrait pas oublier que le sport n'est pas en lui responsable des excès et des débordements auxquels nous assistons. Les fameuses valeurs du sport dont on nous rabâche les oreilles, et que l'on aperçoit si peu, ces valeurs elles existent ! Seulement, elles ont disparu du football professionnel, parce qu'il y a trop d'enjeux financiers. Comment peut-on encore parler de valeurs quand on voit les milliards dépensés pour diffuser cette coupe du monde, ou pour avoir le droit de sponsoriser une équipe ? Ces milliards qui ont pervertis ce sport, tourné la tête aux joueurs, aux entraîneurs, aux dirigeants, ces milliards, ils viennent bien de quelque part ? oui, évidemment, et derrière ces entreprises qui "investissent" sur des matchs, des joueurs ou des clubs, ont trouve souvent les mêmes personnes qui sont à l'origine de la crise économique actuelle.
Le football n'est pas le problème en soi. C'est ce que le capitalisme en a fait qui pose question. Pour autant, les valeurs du sport existent bel et bien. Il suffit de regarder le rugby ou le handball pour comprendre que l'on peut vivre correctement de son sport, sans excès, en toute humilité, et avec dignité.
PS : je dédie cet article au mage (il se reconnaîtra).
Sur le sujet :
cyril lazaro incrimine lui aussi le système mais s'attarde surtout sur la responsabilité de certains joueurs. Par contre, l'action litteraire fait lui aussi le rapprochement avec le monde politique.
Sur le web :
vachane revient sur la nécessité de mener la lutte contre la réforme des retraites.
a tort ou a raison démontre par l'exemple le délitement de La Poste.
passion des livres défend le premier livre de T.S. Spivet.
jef fait le point sur les futures cantonales à Nice.