Che de Steven Soderbergh (1ère et 2ème partie)
S'il y a un film que j'attendais, c'est bien celui-ci, d'autant plus que Steven Soderbergh est un des cinéastes actuels les plus intéressants et que la présence de Benicio Del Toro dans le rôle principal promettait beaucoup.
Le film a été divisé en deux parties, sans que je sache s'il s'agit d'une volonté du réalisateur, ou d'une stratégie commerciale vu la longueur de l'oeuvre. Force est cependant de reconnaître qu'il y a une vraie distinction entre les deux parties, autant la première est passionnante et enlevée, autant la seconde est ennuyeuse et (partiellement) sans intérêt.
Soderbergh a pris le parti de ne pas traiter de l'ensemble de la vie de Che Guevara, mais seulement de deux moments qui sont emblématiques tant au niveau de son histoire personnelle que de l'histoire tout court : la révolution cubaine et la guérilla bolivienne. Ce choix aurait pu se justifier si Soderbergh ne laissait pas le spectateur complètement démuni, sans explications aucunes, devant le déferlement de personnages qui interviennent sans que l'on sache clairement qui ils sont, devant les multiples situations que l'on a du mal à situer dans le temps.
Si ce travers est déjà présent dans les deux premières heures, il se ressent moins grâce au dispositif narratif choisit, celui de mettre en perspectif l'évolution de la guérilla cubaine sur le terrain avec le discours du Che à l'ONU 3 ans plus tard. Dans cette première partie, il y a aussi le personnage de Fidel Castro dont Soderbergh se sert pour mieux accentuer les principaux traits de la personnalité de Guevara. Que l'on ait du mal suivre l'évolution des combats importe peu tant ici les personnages ont de la chair.
Ce n'est plus le cas pour la seconde partie. Il n'y a plus ici de mise en perspective, tout ou presque se passe dans la jungle bolivienne. Des personnages passent, on ne sait pas pourquoi ils sont ici. Le traitement de Régis Debray est exemplaire, il se retrouve en prison, subit la torture, est finalement libéré, mais sa présence en Bolivie reste au final toujours une énigme pour le spectateur. Pendant deux heures, ce ne sont que des longues marches dans les paysages andins, des rencontres avec des paysans hostiles, jusqu'à la bataille finale qui conduit à la mort du Che. Mais il est vrai que ces 20 minutes là sont formidables, Benicio Del Toro, un peu en retrait jusqu'ici , y justifie son statut de star internationale.
"Che" est un divertissement de facture inégale, un peu long. Sur le même sujet, je conseille fortement l'exceptionnel documentaire de Richard Dindo : "Journal de Bolivie" qui m'a beaucoup servi pour comprendre le film de Soderbergh.
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