La suppression des départements serait-elle une bonne chose ?
Régulièrement ce sujet revient sur le tapis, il faut revoir l'organisation administrative de la France. En effet, entre les régions, les départements, les communes et maintenant les communautés d'agglomérations et autres regroupements de collectivités, il y a de quoi s'y perdre, et ne plus savoir qui fait quoi.
Supprimer un échelon, outre que cela simplifierait les choses et permettrait une meilleure répartition des tâches, permettrait aussi de faire de grosses économies grâce à la suppression des doublons.
Seulement voilà, l'échelon que tout le monde semble vouloir supprimer (mais personne n'a le courage politique de le faire), est le département. Il est vrai qu'à première vue se serait le plus facile à faire. La région, avec un poids démographique et géographique important est l'échelon parfait pour faire face aux défis économiques et à la concurrence des autres régions européennes, notamment allemande. La commune, difficile d'y toucher tant l'esprit de clocher des Français semble être chevillé à leur corps bien au-delà du cliché.
Reste donc les conseils généraux. Même si les départements sont bicentenaires et que l'on voit bien à travers l'affaire des plaques d'immatriculations que les Français y sont attachés, le Conseil Général reste une entité floue et lointaine. Personne ne connaît les responsabilités exactes de ces élus, et le mode de scrutin qui fait que les élections cantonales ont lieu en deux fois (tous les 3 ans) et sont systématiquement jumelées avec d'autres élections encourage le désintérêt des Français. De plus, les préfectures, représentations locales de l'Etat continueraient à exister et à maintenir la présence symbolique de cet échelon. Et de facto, si l'on en croit les sondages, c'est bien les départements dont les Français préféreraient la disparition.
Mais est-ce politiquement pertinent ? A l'heure où la France à elle toute seule a le tiers des communes de l'Union européenne, personne ne s'interroge sur la pertinence à conserver cet émaillage. Que peut concrètement faire un faire d'une commune de 100 habitants, comme il y en a pléthore dans la France rurale ? L'existence de tous ces petits villages a-t-elle une autre raison d'exister, que celle affective, qui relie chacun d'entre nous au lieu où il est né ou a grandi ? D'ailleurs, les communes se rapprochent de plus en plus souvent pour offrir à leurs concitoyens des services que seules elles ne pourraient fournir.
A contrario, le canton, division électorale du conseil général, n'a-t-il pas la taille idéale d'un point de vue démographique, géographique et économique pour prendre plus d'importance ? Ne serait- il pas plus judicieux de regrouper les communes dans les cantons, au sein du département pour leur permettre d'exister économiquement ? Cela pourrait aussi permettre une meilleure répartition des moyens entre communes riches et pauvres. De plus, avec quelques milliers ou dizaines de milliers tout au plus, les citoyens pourraient rester suffisamment proche de leur élu, et celui-ci aurait enfin les moyens de mener une vraie politique, particulièrement en matière de services publics.
Oui, mais voilà pour supprimer les municipalités au profit des cantons et des départements, cela supposerait que le personnel politique veuille affronter les Français, ceux-ci étant attachés à leurs villages. Mais prendre des décisions n'est plus dans les gènes des politiques Français, et il y a fort à parier que si un jour on supprime quelque chose, se sera bien les départements (mais même-là, ce n'est pas fait).