Petite par sa démographie et son poids politique, l'Auvergne est importante dans mon coeur. C'est pourquoi je serai particulièrement attentif aux résultats dans cette région.

En 2004, l'Auvergne avait créé la surprise en passant à gauche. Cette région traditionnellement ancrée à droite est très diverse politiquement, et à l'instar de la Bretagne a commencé il y a une dizaine d'années un glissement progressif vers la gauche. Historiquement, le département de l'Allier est un bastion communiste, et ce parti même diminué reste encore fortement implanté dans les campagnes. Le Cantal et la Haute-Loire constituent eux des forteresses imprenables de la droite. Le scrutin se jouera donc dans le Puy de Dôme, département de loin le plus peuplé. Là aussi, on note un dichotomie entre la métropole régionale depuis longtemps acquise à la gauche et les campagnes et petites villes reculées où le vote conservateur y est la règle. Toutefois, ces dernières années, la gauche et particulièrement le PS a eu tendance à voir ses positions renforcées.

Le succès socialiste de 2004 était d'autant plus surprenant qu'il s'est effectué dans une opposition de second tour traditionnelle, droite gauche, et alors même qu'aucun sondage n'avait prévu l'issue du scrutin, et que la tête de liste de la droite n'était autre que l'ancien président de la République, Valéry Giscard d'Estaing. Depuis, la donne politique a quelque peu été modifiée, du moins en ce qui concerne le personnel politique. Revue de détail des forces en présence :

La gauche radicale :

En Auvergne comme dans toutes les régions, elle ira en ordre très dispersé. Les listes NPA et LO ne devraient pas réussir à dépasser la candidature de témoignage. Tel ne sera pas le cas à l'évidence des listes soutenues par le Front de gauche. La tête de liste régionale, André Chassaigne, député du Puy de Dôme est bien implanté dans la région. En outre, il peut encore compter sur l'apport d'anciens bastions du communisme rural. En 2004, il avait frôlé les 10 %, qu'il espère bien atteindre cette fois-ci, ce qui pourrait compliquer les négociations de second tour avec le PS.

Le PS :

René Souchon a succédé à Pierre-JoëlPierre-Joël Bonté, décédé en cours de mandat. Il est le candidat naturel du PS, pourtant la constitution des listes a suscité quelques remous, notamment dans le Puy de Dôme, ce qui pourrait occasionné quelques défections d'électeurs. La principale difficulté du PS sera cependant de faire face à la division de la gauche. Les discussions de second tour risquent d'être âpres, toutefois, il faut noter qu'en Auvergne, il n'y a pas eu de listes d'union de la gauche en 2004. Et la gauche avait alors gagné.

Les écologistes :

Ils constituent l'inconnue majeure de ce scrutin. Ils avaient dépassé les 5 % en 2004, et forts de leur poussée des européennes, les listes Europe Ecologie espèrent beaucoup plus cette fois-ci. Cependant, là aussi il n'y a pas d'union, puisqu'il y aura une autre liste écologiste en lice.

L'UMP :

Le parti de Nicolas Sarkozy aimerait bien récupérer la région. La preuve, il n'y aura rien d'autre que deux ministres dans la bataille : Alain Marleix, le secrétaire d'Etat aux collectivités territoriales (et accessoirement au bidouillage électoral), et Brice Hortefeux, ministre de l'intérieur. L'UMP compte bien capitaliser sur l'implantation de ces deux personnalités. Cependant, l'image déplorable laissé par Brice Hortefeux lors de son passage au ministère de l'immigration peut laisser des séquelles dans une région qui a de tous temps montré son attachement aux valeurs républicaines. (La meilleure preuve étant que le FN réalise ici ses scores les plus faibles.

Les autres listes :

Je parlerai peu du MODEM, celui-ci étant peu implanté en Auvergne, il devrait réaliser un score anecdotique. Quant au FN, pas plus qu'en 2004, il ne devrait pas dépasser les 10 %.

Au final, même si les verts ou le Front de gauche peuvent espérer atteindre les 10 %, le second tour devrait être une traditionnelle opposition PS/UMP. Dans un contexte de rejet du pouvoir en place, doublé d'une crise grave de l'agriculture et de la ruralité, on voit mal comment l'UMP pourrait reprendre la région.

Elections régionales : l'Auvergne.

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